Psaume 51 - Notes


Ps 51, 2

Bethsabée était l’épouse de Hurie le Hittite. Le roi David, ayant eu avec elle des relations adultères, fit tuer Hurie au combat pour se débarrasser du mari. Le prophète Natan, sur instruction divine, vint trouver le roi, et au moyen d’une parabole lui fit découvrir la gravité de son acte. Les faits sont relatés au 2ème livre de Samuel, chapitres 11 et 12. Le psaume peut faire suite à la réaction de David devant Natan : “ J’ai péché contre Yhwh ” (2S 12, 13).



Ps 51, 3
Fais-moi grâce... conformément à  ta bonté

La préposition ke- (comme, selon, conformément à) impose le sens : « la bonté que tu nous as dit être la tienne ». David fait ici appel aux principaux attributs de Yhwh, selon la description que Yhwh donne de lui-même :
« ...tendre (rahoum) et miséricordieux (hanoun), lent à la colère, riche en bonté (hèçed) et en vérité » (Ex 34, 6).
La grâce (hébreu : hén, de hanan, faire grâce) est miséricorde divine ; la bonté, hèçed, est bienveillance, bénévolence de Yhwh, et la tendresse, raham, est un sentiment que l’on peut rapprocher de l’amour viscéral d’une mère pour son enfant.



Ps 51, 3 - Ps 51, 5
Mes transgressions
Hébreu pesha’aï

Ce mot apparaît deux fois au Psaume 51, et deux fois il est au pluriel. Cela ne signifie pas nécessairement que le péché de David comporte plusieurs transgressions, car ce pluriel est douteux : Dans la mesure où l’analyse du péché de David fait apparaître une « transgression » majeure, la prudence invite à ne pas s’appuyer sur ce pluriel douteux, et à le considérer plutôt comme emphatique, ou relevant davantage du commentaire que de l’intention d’origine.

On pourra consulter au Glossaire le mot transgression, ainsi que l’analyse du péché de David à l’article péché.



Ps 51, 5
Je pénètre en moi-même
Hébreu ani éd’a

C’est le verbe yad’a (pénétrer), entendu ici comme expérience de l’esprit. Le verbe « connaître » traduit mal cette pénétration de l’intelligence, car il exprime plutôt un état accompli (la connaissance) alors qu’il s’agit de compréhension, d’expérience progressive, exprimée ici par un verbe à la forme inaccomplie (l’action n’est pas terminée). C’est l’intervention du prophète Natan, donc l’action de Dieu, qui permet à David de réaliser la nature et l’étendue de sa faute, en pénétrant en lui-même. On retrouvera ce même verbe yad’a au verset 8.
Le trait d’union qui relie ki- (car) à pesha’i (mes transgressions), et surtout l’accent disjonctif (tifha prépositif) qui introduit une coupure après ces deux mots, imposent la syntaxe à retenir pour cette phrase : le mot “ mes transgressions ” ne peut pas être considéré comme le complément d’objet du verbe “ je pénètre ” ; ce complément est bien le mot ani (moi-même) qui sans cela n’aurait aucune fonction grammaticale.



Ps 51, 8
gestes de confiance
Hébreu : batouhot

La plupart des témoins (sinon tous) lisent ce mot : b-a-touhot, « dans-les-profondeurs ». Pour que la phrase ait un sens il faut alors faire du mot “ vérité ” le complément du verbe “ tu désires ”, ce qui contredit formellement la syntaxe écrite. C’est bien le mot batouhot qui est complément de “ tu désires ”, mais il faut le rattacher à la racine batah (s’accrocher en toute confiance) et non à la racine touah (couvrir, enduire), pour qu’apparaisse le sens de cette incise essentielle.

Ce verset met en relief les liens étroits entre la foi (gestes de confiance) et la vérité, au sens de la langue hébraïque. On trouvera au Glossaire une note sur ces deux mots : foi et vérité.


Ps 51, 14
salut
Hébreu : yesh’a

Il s’agit de la délivrance que David chante en 2S 22, 3 (première occurrence, reprise en Ps 18, 3) : « lorsque Yhwh l’a libéré de la main de tous ses ennemis et de celle de Saül ». C’est donc le salut pour David.
Comparer avec le verset 16 : teshou’a, mot de même racine.



Ps 51, 16
victoire
Hébreu : teshou’ah

C’est l’aboutissement et la manifestation du salut. David se réfère à la victoire donnée par Yhwh à son messie Saül, en 1S 11, 9 & 13 (premières occurrences du mot). C’est le salut pour le peuple, victoire que Dieu lui donne par la main de son roi messie.
Comparer avec le verset 14 : yesh’a, mot de même racine.



Ps 51, 16
justice
Hébreu : çedaqah

Première référence du mot en Gn 15, 6 : Abraham mit sa foi en Yhwh qui le considéra comme juste.
On trouvera un article détaillé sur le mot çedaqah et sur le mot çedeq (au verset 21) à la rubrique “ justice ” du Glossaire.



Ps 51, 17
Seigneur
Hébreu : Adonaï

Le Nom divin est absent de tout ce psaume : David s’adresse à Dieu en disant « Dieu » ou « Seigneur ». Plutôt que d’invoquer le Nom YHWH, révélé à l’Horeb au Buisson ardent (Ex 3, 2-6), il invoque le Dieu révélé au Sinaï, Dieu de bonté et qui pardonne (Ex 34, 4-6).
Remarque : “ tu ouvriras mes lèvres ” n’est pas un impératif. L’impératif est au verset précédent : “ Libère-moi ”. Il faut comprendre : « mes lèvres resteront fermées jusqu’à ce que tu m’aies libéré du sang ». C’est bien la suite du verset 16.



Ps 51, 18
Sacrifice
Hébreu : zebah

Il s’agit de sacrifice sanglant, le sens premier du verbe zabah étant l’abattage d’animaux. Ce sacrifice sanglant était offert pour le salut du peuple par le grand prêtre, au nom du roi messie.



Ps 51, 18
Oblation ou élévation
Hébreu : ’olah

de la racine ’alah, « élever ». S’il est vrai que l’oblation se traduisait le plus souvent par un sacrifice sanglant, comme le fit Noé en Gn 8, 20 (première occurrence du mot ’olah), c’est une oblation du cœur que Dieu désire, comme il l’a montré à Abraham dans l’épreuve de l’oblation d’Isaac en Gn 22 (versets 2, 3, 6, 7, 8 et 13, c’est-à-dire les six occurrences suivantes du même mot, les seules pour un total de sept dans la Genèse).



Ps 51, 19
tu ne dédaigneras pas
Hébreu : bazah , dédaigner

C’est le verbe que Natan a employé, par deux fois, pour dire à David qu’il a “ dédaigné ” la Parole et Yhwh (2S 12, 9-10).



Ps 51, 21
sacrifices de justice
Hébreu : zibehé çèdèq

La première apparition du mot çèdèq est en Gn 14, 18 (la seule du livre de la Genèse) :
“ Melkisédeq ( malki-çèdèq : « mon-roi-[est]-justice »), grand prêtre du Très-Haut, apporta le pain et le vin. ”
On trouvera un article détaillé sur le mot çèdèq et sur le mot çedaqah (au verset 16) à la rubrique “ justice ” du Glossaire.



Ps 51, 21
des taureaux
Hébreu : parim

Avec les mêmes lettres mais dans une vocalisation différente on peut aussi lire pireyam, « leur fruit ». On trouvera des développements sur cette lecture dans les Commentaires sur le Psaume : Une exégèse du Psaume 51 (si nécessaire, cliquer sur “ Commentaires ” en barre de navigation ci-dessus, pour faire apparaître ce texte), au paragraphe ils offriront des taureaux.




de nos lèvres

Cette allusion à Osée, qui emploie le mot « taureaux » au sens figuré de « sacrifice de louange », était certainement connue des prêtres Hébreux contemporains de Jésus-Christ, car la Lettre aux Hébreux y fait référence :
Par [Jésus-Christ] offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c’est-à-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom.
(Héb 15, 13)
Ce sacrifice de louange n’est autre que celui désigné notamment au Psaume 50 (Vulgate Ps 49) versets 14 et 23, et que l’auteur de la Lettre aux Hébreux analyse ici brièvement en empruntant à la fois le mot lèvres à Osée et le mot fruit à la lecture « leur fruit » du mot hébreu « des taureaux » au Psaume 51.
Pour conforter cette remarque, on observera que le mot grec aineseus, « louange », est unique dans la Bible grecque chrétienne (où la louange est dite epainos), et que l’expression thousian aineseus, « sacrifice de louange », est celle que l’on trouve dans la traduction grecque des LXX, précisément au Psaume 49, aux versets 14 et 23 déjà cités.