La prière de Habaquq
ou l’étreinte divine
(Habaquq, chapitre 3)

Le livre du prophète Habaquq pourrait presque passer inaperçu dans la Bible : des trois chapitres qui le composent, le plus long ne comprend que vingt versets. Le troisième chapitre est certainement le plus lu, les deux précédents ne retenant guère l’attention si ce n’est par un verset dont il sera question dans un instant, et parce qu’ils nous font connaître l’époque à laquelle vivait ce prophète par ailleurs inconnu. Habaquq était probablement contemporain de Jérémie. Il vécut vers la fin de la période la plus sombre de l’histoire d’Israël, sous l’occupation étrangère qui s’acheva par la déportation de ses chefs et la destruction de Jérusalem, la capitale et son temple, en 586 avant notre ère. C’est dans ces circonstances dramatiques que le prophète nous a laissé la prière qui conclut ses brefs écrits. Peut-être le plus beau chef d’œuvre de la littérature inspirée.

Car cette prière, qui conformément à son titre est bien celle d’un prophète intercédant en faveur de ses frères du peuple de Dieu, cette prière se révèle en fin de compte comme le témoignage ultime de la foi immense qui anime Habaquq. Et c’est la foi, la certitude d’être aimé de Dieu, cette confiance à se laisser guider par sa Parole, c’est la foi de ce juste qui entraînera, en même temps que son propre salut non recherché, le salut de tous ceux qui le suivent avec la même foi, et qui donc suivent son témoignage. Cette prière va nous permettre de comprendre tout le sens, au chapitre 2, du plus célèbre extrait de ce petit livre (2, 4) : le juste vivra par sa foi. On sait combien cette incise a suscité de disputes, en particulier au sein de la chrétienté. Il est probable que tant d’incompréhension n’aurait jamais vu le jour si nous avions pu pénétrer toute la profondeur de la prière d’Habaquq, au moyen de traductions qui respectent pleinement les subtilités de ce texte écrit dans une langue hébraïque alors au sommet de son évolution. Les lignes qui suivent se proposent d’en restituer la profondeur, afin de redonner à cette prière toute sa valeur de nourriture spirituelle irremplaçable.

Il faut commencer par la fin. Par la fin du dernier verset, que toutes nos bibles présentent comme une rubrique adressée « au maître de chœur » ou « au chef des chantres ». Une telle lecture s’appuie sur l’expression hébraïque lamnatséah dont la signification spirituelle s’est perdue au profit d’un usage particulier du mot menatséah (superviseur, conducteur). Cette expression se trouve en tête de plus d’un tiers des Psaumes de David, où la véritable raison de sa présence est d’orienter l’homme qui cherche Dieu vers la finalité de cette recherche (grec des Septante : télos), c’est-à-dire vers la perfection de la vie en Dieu, pour l’excellence de ce mouvement vers le ciel (cf. note Hab 3, 19). Il ne s’agit donc pas d’une rubrique qui inviterait à chanter le texte de telle ou telle manière, comme on a cru le comprendre en trouvant l’expression en tête des psaumes. D’ailleurs, dans cette prière, elle se trouve au contraire à la fin du texte. Quel est donc son rôle, ici ? Elle nous dit que Yhwh mène vers la perfection les chants de Habaquq, au plus haut de ce qu’il peut atteindre. On hésite à comprendre. Qu’est-ce à dire ? Alors que le peuple gémit dans la souffrance et se plaint auprès du prophète, celui-ci, au lieu d’intercéder auprès de Yhwh sur les complaintes (verset 1) de ses frères, ne trouverait donc rien de mieux que de célébrer la qualité des chants qu’il adresse à Yhwh ? et de rendre gloire au Dieu de « son » salut (verset 18) ?

Une telle interprétation ne tient pas ; elle manque l’essentiel pour se satisfaire des seules apparences. En vérité, si Yhwh conduit les chants de Habaquq aux sommets de l’excellence, c’est pour que le peuple de Dieu reçoive de ces chants, que nous pouvons entendre dans sa prière, toute nourriture spirituelle propre à le faire vivre. Dieu répond aux complaintes du peuple par la voix de son prophète. Habaquq intercède et Dieu guérit le mal dont souffre son peuple. Malheureusement, c’est faute d’avoir compris en quoi, malgré ses apparences trompeuses, la prière de Habaquq est bien une intercession en faveur du peuple, que nombre de commentateurs ont transformé ce texte en la banale prière d’un juste persécuté, qui implore Yhwh pour son propre salut. Dans les traductions les plus connues, le peuple est même considéré comme l’agresseur « qui nous assaille », et la situation dramatique dans laquelle se trouve Israël est parfois interprétée comme résultant d’une « injustice de l’ennemi Chaldéen », responsable de « mettre en cause les fondements mêmes des rapports entre Dieu et son peuple ».

Pour sortir d’un tel imbroglio de contresens, il faut revenir à la situation que connaissait la terre de Juda au temps de Habaquq, alors que Jérusalem était sans doute assiégée. Il faut comprendre l’angoisse des hébreux, qui vivaient depuis Moïse dans l’espérance proche de la montée du peuple. Nous reviendrons ensuite sur la notion d’intercession dans la Bible, afin d’en mieux percevoir tous les ressorts spirituels, tout en relisant l’intervention de Habaquq. Nous pourrons alors mieux goûter les subtilités de cette prière et découvrir, derrière la terrible épreuve que Dieu fait vivre à son peuple, l’immense espérance de salut dont témoigne le prophète pour les justes, qui vivront par leur foi.

L’invasion chaldéenne

C’est au cours du règne de Manassé (687-642) que Yhwh, par la parole de ses serviteurs les prophètes (dont Jérémie, sans doute), annonça la destruction de Jérusalem :

Me voici ! Je vais amener sur Jérusalem et Juda un malheur tel que les deux oreilles tinteront à quiconque en entendra parler. […] Je nettoierai Jérusalem comme on nettoie une écuelle : nettoyée, on la retourne à l’envers.
2ème Livre des Rois, 21, 12-13

Cependant, à l’époque de Manassé, les Chaldéens qui détruiront Jérusalem ne sont pas encore entrés en scène. Ce sont les Assyriens qui dominent alors les deux royaumes d’Israël et de Juda ; ils feront disparaître le royaume du Nord mais ne toucheront pas à Jérusalem. Car entre temps, le successeur de Manassé, Josias, accomplit une réforme religieuse considérable, tout en s’opposant à l’occupant assyrien. C’est seulement plus tard, en 605, que la victoire de Nabuchodonosor sur l’Égypte affirmera la percée chaldéenne, marquant la fin de la suprématie assyrienne déjà très ébranlée par la perte de Ninive en 612. Mais jusqu’en 605, les Judéens pouvaient espérer, avec Josias, que Yhwh s’était repenti de vouloir détruire Jérusalem. Hélas ! à la mort de Josias, Yoyaqim lui succède, et tout comme Manassé il fit ce qui est mal aux yeux de Yhwh (2 Rois 23, 37). Alors :

Yhwh envoya contre Yoyaqim des troupes de Chaldéens, des troupes de Syriens, des troupes de Moabites et des troupes d’Ammonites ; il les envoya contre Juda pour le détruire, selon la parole que Yhwh avait prononcée par ses serviteurs les prophètes.
Cela arriva uniquement sur l’ordre de Yhwh, qui voulait ôter Juda de devant sa face, à cause de tous les péchés commis par Manassé.
2 Rois 24, 2-3

La parole ici rappelée est bien celle qui autrefois « tinta aux oreilles » de Manassé. Elle confirme et permet de dater l’annonce divine que rapporte Habaquq (1, 6) : Me voici faisant surgir les Chaldéens. Le livre de Habaquq se situe au cours de cette période où l’avenir s’assombrit pour le pire, sous le règne de Yoyaqim, lorsque Dieu décide de mener à son achèvement la terrible sanction encourue depuis longtemps par les fils d’Israël.

Dieu se révèle ici, sans conteste, le maître de l’Histoire dont les Chaldéens ne sont que l’instrument. S’il est vrai que la destruction de Jérusalem fut annoncée sous le règne de Manassé et à cause des crimes de ce roi, qu’elle fut engagée dans sa phase finale sous le règne de Yoyaqim et pour les mêmes raisons, il faut remonter beaucoup plus tôt pour comprendre pourquoi Yhwh avait résolu une telle sanction. À deux exceptions près (Ézéchias d’abord, Josias ensuite comme nous venons de le voir), les rois d’Israël agissaient selon ce qui est mal aux yeux de Yhwh depuis la scission d’Israël en deux royaumes, dès la mort de Salomon. C’est le prophète Isaïe qui reçut la mission d’annoncer cette sanction. A peine le séraphin eût-il purifié par le feu ses lèvres de prophète, qu’il accepta d’être envoyé par le Dieu trois fois saint, YHWH Çebaot. Dans quel but ? Pour annoncer à ce peuple qu’il écoutera sans comprendre, regardera sans voir, et que son cœur, ses oreilles, ses yeux, seront appesantis qu’il ne puisse rien comprendre, ni jamais guérir (6, 10). —  Jusques à quand, Seigneur ? Et le Dieu trois fois saint de répondre au prophète :

Jusqu’à ce que les villes soient dévastées, sans habitant,
que les maisons soient sans un homme
et que la terre dévastée soit une désolation ;
que YHWH ait éloigné les hommes,
et que soit immense l’abandon au cœur du pays.
Et s’il y reste encore un dixième, à son tour, ce sera pour le feu.
Comme le térébinthe et le chêne
se perpétuant malgré l’abattage par la souche qui est en eux,
sa souche est semence de sainteté.
Isaïe 6, 11-13

On reconnaît, dans cette terrible sentence datée de la mort du roi Ozias, près de deux siècles après Salomon, la décision divine dont les effets seront consommés à nouveau près de deux siècles plus tard : la fin du royaume du Nord et la déportation des habitants de Samarie, la dévastation du royaume de Juda, la destruction de Jérusalem et de son temple, la dispersion totale des populations et la déportation des chefs à Babylone. Le prophète Habaquq nous parle depuis les quinze ou vingt dernières années de ce long naufrage des fils d’Israël, au moment où Yhwh conduit à son achèvement la sanction divine annoncée par Isaïe. Il n’ignore pas que la nation et la cité vont disparaître dans ce naufrage, mais il sait aussi et c’est le plus précieux, qu’après avoir été abattu, l’olivier d’Israël un jour renaîtra de la souche qui est en lui.

La montée du peuple

Tout cela est présent dans les esprits au temps de Habaquq. Dans tous les esprits, mais pas de la même façon. Car les élites sont corrompues, le peuple et les prophètes ne le sont pas. En effet, le roi n’est pas seul à faire ce qui est mal aux yeux de Yhwh : avec lui, les princes, les chefs, les prêtres, les scribes ; à quelques exceptions près sans doute, c’est l’ensemble de la classe dirigeante de la nation judéenne qui exploite les bontés de Yhwh pour son peuple. Comment cela ? en faisant travailler les fidèles à son profit, comme nous le dira Jérémie quelques années plus tard, sous le règne du dernier roi, Sédécias. Quand Yhwh leur demande de rendre libres ces hébreux qu’ils ont réduits en esclavage, tous, princes ou prêtres, feront semblant d’accepter en se soumettant à une liturgie formelle à laquelle ils ne croient pas, et ils reprendront aussitôt leurs esclaves (Jérémie 34, 8-22). Et si à côté de ces chefs corrompus, le peuple peut heureusement se tourner vers les maîtres spirituels intègres que sont les prophètes, ces derniers sont l’objet de constantes persécutions de la part des premiers, car ils ne cessent de dénoncer leurs comportements corrompus. Jérémie, qui fut lapidé, a connu ces persécutions, mais aussi Habaquq, qui nous le dit dans sa prière.

Dans la tourmente que représente pour eux la ville de Jérusalem assiégée ou sur le point de l’être, les hébreux cherchent qui, parmi eux, recevra leurs complaintes, un homme de Dieu qui puisse leur dire quel sort Yhwh réserve à tous ces gens, à la ville aussi, et surtout au temple. Le prophète est leur seul recours puisque les autorités civiles et religieuses sont corrompues. Avec leur prophète, les hébreux sont l’âme du peuple, la communauté spirituelle forte qui tire la communauté humaine vers Dieu : ils vivent sur terre, mais ils ont déjà la tête au ciel. Car les hébreux sont les « traversants » (ha-’oberim, Ps 129, 8 cf. Note), qui ont accès à l’au-delà, accès à la maison de Yhwh, à la Jérusalem céleste. Ils nous le disent dans les Psaumes des Montées : Nos pieds se sont tenus dans tes portes, Jérusalem (Ps 122, 2 cf. Note), c’est-à-dire à l’intérieur de la demeure de Yhwh. Les hébreux sont ceux qui peuvent monter à la montagne de Yhwh, comme autrefois Moïse est monté, au désert du Sinaï.

Cependant, on se souvient que Moïse était alors monté seul, avec Aaron et quelques Anciens, tandis que le peuple n’avait pas pu monter à la montagne de Yhwh (Exode 19, 23-24). Yhwh avait dit à Moïse que le peuple monterait plus tard :

Tu fixeras des limites autour du peuple, leur disant « Gardez-vous de monter à la montagne »  […]  C’est dans le prolongement du jubilé, eux, qu’ils monteront à la montagne.
Exode 19, 12-13

Depuis Moïse, la montée du peuple est toujours attendue. Les hébreux s’y préparent, et depuis David, c’est à Jérusalem que l’on se sanctifie, par la liturgie des Psaumes, et grâce à une formation spirituelle que décrivent les quinze Psaumes des Montées. Pour les hébreux, et depuis Salomon c’est-à-dire depuis quatre siècles, la montée du peuple ne peut se concevoir qu’à Jérusalem, dans le Temple et sur la montagne de Sion. Si Jérusalem et son temple sont détruits, où et comment pourront-ils préparer la montée du peuple ? et où celle-ci pourra-t-elle s’accomplir ? Les hébreux se tournent alors vers celui d’entre eux qui est le plus proche de Yhwh : le prophète. Il entend leurs complaintes. Il parle à Yhwh.

Habaquq a une claire conscience de la finalité du plan divin, à la fois par sa connaissance approfondie de la Bible et par l’intensité de la vie mystique dont témoigne sa prière. Il sait que toute l’action divine est orientée vers la montée du peuple de Dieu, qui a commencé avec Moïse, à la sortie d’Égypte. Mais au désert cette génération avait trop irrité Yhwh pour qu’ils entrent dans son repos (Ps 95, 11). Par la suite, de Moïse à David, la spiritualité hébraïque progresse, et culmine avec le roi Salomon. Hélas ! dès la mort de Salomon et jusqu’à l’exil à Babylone, la vie spirituelle de la nation ne cesse plus de se dégrader. Alors Dieu suscite à nouveau de grands prophètes. Ils prêchent le retour à Dieu tout en annonçant les malheurs mérités par l’inconduite des fils d’Israël, comme nous venons de le voir. Et surtout, ces prophètes s’emploient à ranimer l’espérance en la montée du peuple de Dieu au terme de l’histoire. Isaïe notamment, dont c’est le premier soin avant même d’annoncer les malheurs qui vont sanctionner Israël :

Il arrivera dans les derniers jours que la montagne de la maison de YHWH s’établira en tête des montagnes ; elle s’élèvera au-dessus des collines, et toutes les nations afflueront vers elle.
 Alors viendront des peuples nombreux. Ils diront :
« Venez, montons à la montagne de YHWH, à la maison du Dieu de Jacob. Il nous indiquera ses chemins. Nous suivrons ses voies ;
« car de Sion sortira un enseignement, et de Jérusalem la parole de YHWH ».
Isaïe 2, 2-3

C’est cette ultime montée que Habaquq évoque dans sa prière (verset 16). Il est conscient de ce que les terribles épreuves qui vont frapper son peuple ne sont pas encore celles des derniers jours, au rassemblement des justes évoqué par Isaïe. De cette ultime montée, il faudra encore attendre le signe inouï, que Dieu a révélé à peine plus tard par la voix d’Ézéchiel (37, 13) :

Vous saurez que je suis YHWH lorsque j’ouvrirai vos sépulcres, et que je vous ferai monter de vos sépulcres, ô mon peuple !

Le temps de la résurrection des morts n’est pas encore venu. Habaquq va parler au peuple qui s’inquiète. Il va faire comprendre aux fidèles le sens de la terrible épreuve qu’ils vont traverser. Il va le faire sous la forme d’une prière publique qu’il adresse à Yhwh, une prière d’intercession.

L’intercession

Il faut d’abord observer que l’intercession de Habaquq commence bien avant la prière du chapitre 3 qui en est la conclusion. Dès les premiers mots du livre, le prophète adresse à Dieu un vibrant appel au secours :

Jusqu’à quand, Yhwh ? J’ai appelé au secours, mais tu n’entends rien !
Je crie vers toi : on viole ! et tu ne viens pas secourir.
Pourquoi me laisses-tu voir la perversion ? restes-tu en extase devant les malveillances ? quand je fais face à l’oppression et à la violence ?
Et aussi ces querelles qui soulèvent la discorde ?
C’est ainsi qu’un enseignement devient inopérant. Et qu’aucune règle pour l’éternité n’en peut sortir.
Car l’impie réussissant à circonvenir le juste, il n’en sort que des règles perverties.
Habaquq 1, 2-4

La plainte du prophète est sans équivoque. Il est devenu impossible de faire progresser la sanctification du peuple, de le préparer à sa montée en éternité, parce que Yhwh ne fait rien pour empêcher les impies de répandre le mal en triomphant des justes. Soyons assurés que l’occupant étranger, dont il va être question plus loin, n’a rien à voir avec ces impies. Non, les impies, ce sont les membres corrompus de l’élite judéenne, à Jérusalem, princes et chefs, prêtres et scribes, dont l’attachement au Temple est à la mesure du trésor colossal qu’ils y amassent depuis plusieurs générations. Et bien que le devoir leur impose de mettre leur savoir de lettrés au service du peuple, afin de progresser dans la connaissance de Dieu, ils s’ingénient au contraire à manipuler la torah, à détourner à leur profit tout l’effort des justes qui cherchent Dieu. Comment le ciel peut-il laisser commettre une telle injustice sans rien faire ? Le prophète s’en plaint amèrement, devant le peuple : il s’en ouvre à Yhwh dans sa prière publique.

Cependant, sanctionner les impies n’est pas si simple, car Yhwh ne veut pas la mort du pécheur mais plutôt qu’il se convertisse. Hélas, rien ne bouge. Les prophètes ont beau répéter que Yhwh est en procès avec les habitants du pays, parce qu’il n’y a ni vérité, ni miséricorde, ni connaissance de Dieu dans ce pays (Osée 4, 1, au royaume du Nord), ils ont beau reprocher à la maison de Jacob de prétendre rechercher Yhwh et connaître ses chemins comme une nation qui pratiquerait la justice et qui n’aurait pas abandonné la loi de son Dieu (Isaïe 58, 2, au royaume de Juda), rien n’y fait : le mensonge et la ruse persistent. Alors, se souvenant de David, Yhwh se lève. « Devant l’oppression des pauvres, devant le gémissement des malheureux, Maintenant je me lève […] », dit Yhwh (Psaume 12, 6). Me voici faisant surgir les Chaldéens (Hab 1, 6). La réponse de Yhwh rapportée par Habaquq a de quoi faire frémir. « Plus furtifs que des léopards, ses cavaliers volent comme l’aigle affamé sur sa proie » ! Et celui-là, le Chaldéen, il se moque des rois, se joue des puissants, se rit des forteresses. Il capture, il occupe le pays ; sa force est son seul dieu (Hab 1, 6-10).

La sanction vise clairement princes et dignitaires corrompus, roi en tête, et Habaquq confirmera plus tard, dans sa prière (3, 13), que Yhwh a frappé au plus haut de la maison du coupable. Mais avec la destruction programmée de la capitale et de son temple, la menace devient si forte que le peuple tout entier risque de disparaître, fidèles compris. C’est pourquoi le prophète reprend la parole face à ce nouveau danger, et comme autrefois Abraham — Ferais-tu périr le juste avec le coupable ? — il intercède et « parle une fois encore » : Ô Yhwh, mon Dieu, mon Saint ? nous ne mourrons pas ? (1, 12) Cette expression unique, mon Saint, ne se rencontre ailleurs que sous la forme son Saint, lorsque Isaïe parle du Dieu d’Israël (Is 10, 17 et 49, 7). Elle nous confirme ici que Habaquq intercède au nom d’Israël-peuple-de-Dieu dont il se dit solidaire, comme il le dira encore aux versets 13 et 14 de sa prière. Comme Moïse au Sinaï, il argumente en leur faveur : N’est-ce pas toi, avant tout, Yhwh, […], qui l’as façonné pour juger, ce peuple qui a pesé, pour bien montrer que tu l’as fondé ? (1, 12) Et Habaquq réitère son appel : Pourquoi restes-tu en extase devant des traîtres ? gardes-tu le silence quand un impie engloutit un juste parmi nous ? (1, 13) ; il va jusqu’à ironiser sur ce gâchis dans la création qui consiste à laisser les fidèles aux mains de guides spirituels pervertis : Alors tu fabriques des hommes comme des poissons à la mer ? comme des batraciens, sans gouverne intérieure ? Et ces hommes, l’envahisseur va se glorifier de les prendre par myriades dans ses filets ! (Hab 1, 14-17)

Moïse, lui aussi, intercédait avec la même hardiesse pour le salut du peuple, après l’épisode du veau d’or, quand Yhwh envisageait de laisser ce peuple périr de corruption au désert :

Pourquoi YHWH, ta colère s’enflammerait-elle contre ton peuple ? Lui que tu as fait sortir du pays d’Égypte avec grande puissance et d’une main forte ?
Pourquoi les Égyptiens diraient-ils : « C’est pour leur malheur qu’il les a fait sortir, c’est pour les tuer dans les montagnes, et pour les éliminer de la surface du sol » ? Reviens de l’ardeur de ta colère, et repens-toi de ce mal à ton peuple.
Ex 32, 11-13

Mais ce que Habaquq demande à Dieu est beaucoup plus difficile, car il en appelle, avant l’heure, au Jugement dernier : que les féroces cavaliers exterminent les pécheurs mais que les justes soient épargnés, et qu’ils poursuivent leur montée vers la maison de Yhwh. Peut-être Habaquq comprend-il alors qu’il a demandé trop, et trop fort : le peuple de Dieu, avec une élite pourrie à sa tête, est encore loin de pouvoir achever son ascension ; le plan divin n’est pas arrivé à son terme. Le prophète se tait maintenant ; il attend que Yhwh se manifeste : Je vais rester attentif pour voir en quoi il parlera contre moi, que je revienne de mon admonestation (Hab 2, 1). Aurait-il montré trop de hardiesse aux yeux de Yhwh ? Pas le moins du monde. Il vient au contraire de réagir tout comme avait réagi Moïse autrefois, en donnant la priorité au salut du peuple, même si cela doit lui coûter de perdre ce que Dieu a promis de lui donner, à lui le prophète (mon propre salut ! tant pis pour les autres, ils sont trop bêtes !) En vérité, Moïse et Habaquq nous montrent le chemin, ils nous disent ce que Dieu attend de nous. Toute la pédagogie divine consiste à faire de chaque homme un prophète qui intercède pour le salut de son frère.

La guérison

Depuis la Genèse, Dieu éduque ainsi les hommes. Abraham, prototype pour tous les prophètes et notre modèle pour mille générations, Abraham a reçu cet enseignement divin. Il avait demandé à Dieu de ne pas mourir sans descendance, parce que c’était pour lui la chose la plus importante : avoir un fils était son salut. Dieu lui promet descendance, mais Abraham doit encore comprendre que c’est toujours Dieu qui agit, qui accomplit ses promesses. Car au lieu de suivre les instructions divines — Va ! Sois intègre ! N’aie pas peur, c’est moi ton protecteur ! —, Abraham craint qu’un étranger ne cherche à le tuer pour prendre sa femme qui est belle — il mourrait alors sans descendance — et il demande à Sara de dire qu’elle est sa sœur — ce qui est vrai, à demi, mais qui n’est pas d’un homme intègre. En effet, un prince nommé Abimélek est séduit par Sara. Bien que ce prince agisse en toute justice, Dieu le frappe d’un mal pernicieux, lui et sa maison, afin qu’il ne commette pas l’irréparable, même en toute bonne foi. Et dans une vision, Dieu dit à Abimélek : Rends sa femme à cet homme, car il est prophète : il intercèdera pour toi et tu vivras. Mais si tu ne la rends pas, tu mourras à coup sûr ! (Gen 20, 7).

Abimélek rendit Sara à Abraham. Et la Bible de conclure l’épisode : Abraham intercéda auprès de la divinité, et Dieu guérit Abimélek, ainsi que toute sa maison (Gen 20, 17). On le voit, Dieu n’avait pas besoin d’Abraham pour guérir Abimelek et sa maison. Mais Abraham avait besoin de Dieu pour guérir de son manque de confiance en la protection divine, pour affermir sa foi. C’est notre foi en Dieu qui nous protège, infiniment mieux que nous ne saurions le faire. Abraham devait ainsi apprendre que la vocation du prophète lui commande d’intercéder pour le salut d’autrui, au mépris du danger pour son propre salut. Si la foi du prophète n’est pas assez forte, il cède à la peur de perdre la récompense promise et il tombe dans la compromission. Dieu déteste les cœurs partagés.

Moïse, lui aussi, a reçu cet enseignement divin. Après l’épisode du veau d’or, Yhwh lui suggère de « laisser tomber » ce peuple à la nuque raide, disant : Maintenant laisse-moi. Ma colère s’enflammera contre eux, et je ferai de toi une grande nation (Ex 32, 9-10). Mais Moïse proteste, il s’afflige. Et négligeant de saisir la récompense que lui promet Yhwh, car il lui faudrait alors se séparer de ses frères, il assume leur faute : il intercède pour le salut des fils d’Israël (Exode 32, 11-13, cité plus haut). Ici encore, Dieu n’avait pas besoin de l’intercession de Moïse pour poursuivre son œuvre de salut en faveur des hommes, mais Dieu a besoin d’un homme de grande foi, et la foi de Moïse était forte. Le juste ne craint pas le malheur (Ps 112, 6-7). Le juste s’appuie exclusivement sur le Seigneur, son Dieu en qui il met toute sa foi. Et sa foi le sauve, car Dieu prend soin de nos intérêts, infiniment mieux que nous ne saurions le faire nous-même. Aussi la Bible reconnaît-elle en Moïse le plus grand des prophètes.

Le Jugement

Habaquq aussi est prophète. Nous l’avons vu intercéder, s’inquiéter du déferlement des cavaliers chaldéens, qui menace d’emporter les fidèles en venant punir les traîtres de la maison d’Israël. Pourtant, ces traîtres, avec leur péché, sont aussi des membres du même peuple. Ils ont besoin du salut de Dieu, autant qu’autrefois les fils d’Israël idolâtres pour lesquels Moïse intercédait au Sinaï. Alors Habaquq comprend, et dans sa prière, il va intercéder pour tout le peuple, comme l’avait fait Moïse. Toutefois, Moïse était seul pour assumer le péché de son peuple. Habaquq n’est pas seul, il est l’un des hébreux qui ont accès à la maison de Yhwh, et qui sont eux aussi des justes. C’est pourquoi Yhwh lui demande de parler à ces justes, afin qu’ils assument, solidairement avec le prophète, cette intercession pour tout le peuple. Ils n’auront pas à se soucier des traîtres car c’est Dieu qui agit, et son jugement va s’opérer de lui-même. Le Psaume 37 dit depuis longtemps quel sera leur sort : Les impies seront fauchés comme l’herbe, ils faneront - ils disparaîtront comme la parure des prés. Ils seront retranchés - encore un peu de temps et il n’y a plus de coupables. Habaquq peut ainsi réconforter les justes : il n’existera plus, celui dont l’âme boursouflée n’est pas droite en lui. Tandis que le juste vivra par sa foi (Hab 2, 4).

Ce que Dieu fait maintenant voir à son prophète, c’est la perspective toute proche des derniers jours : la fin des temps et le jugement dernier. Et cette vision, Yhwh lui demande de l’écrire pour ses frères hébreux : Décris une vision, grave-la sur les tablettes, de sorte que le lecteur s’y précipite. Car c’est encore une vision du rassemblement : il arrive à terme, et il ne décevra pas. S’il tarde, attends-le. Quant à venir, il viendra, il ne se ravisera pas (2, 2-3). Remarquez le petit mot encore, qui rattache cette vision à celle d’Isaïe (2, 2-3) citée plus haut — Il arrivera dans les derniers jours… Une annonce qui prend maintenant l’allure d’un dernier avertissement devant l’approche des cavaliers chaldéens. Les lecteurs, en effet, vont se précipiter vers l’oracle. Surtout les lettrés, inquiets devant ce déferlement qui menace leur forteresse. Mais ils ne comprendront rien, car Habaquq n’a pas oublié que Yhwh a répandu sur eux un esprit de torpeur, et que la sagesse des sages s’égare, le discernement des savants se dérobe (Isaïe 29, 11). Guidé d’une tout autre manière par le même esprit de Yhwh, Habaquq va écrire sa prière dans les sommets inaccessibles aux hommes de peu de foi.

Habaquq écrit. Il écrit d’abord quelques malédictions, qui vont accabler les impies dont la mémoire est promise à l’oubli. Ces textes nous échappent en raison du caractère trop local des événements auxquels ils se rapportent. Leur seul intérêt est d’être là, au premier rang de la sentence, pour condamner les coupables. Inutile de chercher, en lisant ces malédictions, qui elles visent : on en trouvera pour tous, envahisseurs étrangers ou fils d’Israël. Le jugement n’est pas partisan, il sépare les coupables des justes, et cette frontière n’a rien de politique. C’est la deuxième partie qu’il convient de lire avec attention, la prière du chapitre 3, probablement écrite plus tard, en plein drame. Il faut la lire entre les lignes, parce que cette lettre, murie dans le secret pour les justes que sont les hébreux, ne peut être comprise que dans la foi du pauvre. Habaquq y témoigne d’une telle sainteté, que son union à Dieu éclate au grand jour dans ce qu’il est en train de vivre. Dieu nous parle ici par la bouche d’un homme dont le nom, signe de sa vocation, nous révèle la quintessence de cette rencontre inouïe entre le Ciel et la Terre : Habaquq, ou la tendre effusion de l’étreinte divine.

Prière et foi

Dans cette prière, il est frappant de découvrir qu’on a beau y rechercher les signes d’une intercession en faveur du peuple, on ne trouve rien. Ce qui explique pourquoi le titre a été compris par tous comme une « prière » ordinaire, et pourquoi la quasi-totalité des témoins ont préféré lire, au verset 2, l’impératif « souviens-toi d’avoir pitié » alors qu’il est écrit au futur, ou au présent : tu te souviens d’avoir pitié. Il s’agit bien d’un acte de foi et non de la supplique qu’on a voulu y voir. Mais alors, pourquoi ce titre, Intercession du prophète Habaquq, si rien dans ce texte ne conduit à y voir une intercession ? Nous avons vu comment la réponse à cette question vient d’Abraham et de Moïse : c’est la foi du juste qui permet à Dieu de sauver les hommes, de sauver ceux, parmi les hommes, qui à la suite de ce juste et avec lui, garderont intacte leur foi en ce Dieu, qui les fera échapper au malheur venu s’abattre sur le monde. L’intercession du prophète en faveur de son peuple consiste alors à demander à Dieu les moyens d’affermir la foi de ses frères, afin que le couperet du Juge passe au large pour les fidèles restés fermes dans la foi, qu’ils échappent au filet de l’oiseleur. Sa prière est exaucée. Yhwh va conduire la parole de son prophète jusqu’aux sommets les plus inaccessibles, où il va entraîner avec lui, hors d’atteinte, le petit troupeau des fidèles de Yhwh.

Sous un tel éclairage, le texte de cette prière court dans la clarté. Quand Habaquq grave ces versets dans les tablettes, n’en doutons pas les Chaldéens sont déjà là : Un déluge a passé, nous dit-il. Et Yhwh a frappé au plus haut de la maison du coupable, ce qui peut signifier que le roi a déjà été exilé. Ce verset 13 est une clef pour comprendre. Pourquoi la sainteté, la gloire, la splendeur et la puissance de Yhwh, qui nous sont présentées dans les versets 3 et 4 de manière si avenante, se muent-elles brusquement en calamités de feu, de peste et de terreur, aux versets 5 et 6 ? Parce que Yhwh reprend le contrôle des chemins de l’éternité (v. 6), investis induement par les idolâtres — qui commencent à prendre peur (v. 7), Dieu merci ! Et les malheurs continuent de s’abattre sur le monde (versets 8 à 12), de plus en plus concrets, de plus en plus terribles. Plus encore, afin que nul n’ignore que ces malheurs ne sont pas le fait d’un envahisseur incontrôlé, Habaquq s’adresse à Yhwh à la deuxième personne du singulier : « C’est toi, Yhwh, qui nous envoies ces calamités ». Effet garanti : les lettrés y verrront une plainte pour intercéder en leur faveur, à l’encontre des Chaldéens qui se trompent de cible.

Et voici la clef. Tu es sorti pour sauver ton peuple, pour sauver ton messie. En effet, le messie de Yhwh, oint du Seigneur, c’est Israël, son premier né. Le prophète parle au nom d’Israël, car le roi n’est plus qualifié, depuis longtemps, pour parler à ce titre qui est le sien. Et quand Habaquq vise la cour du roi qui s’acharnait à me déstabiliser, il ne s’agit pas seulement de la personne du prophète mais de tout Israël, des hébreux manipulés et exploités par ceux qui tenaient le pouvoir. Yhwh a bousculé ces eaux troubles, puissant remous au sein des eaux. L’émotion saisit alors les justes qui s’expriment par la bouche du prophète, car ils comprennent que les derniers jours sont arrivés pour leur génération. Avec leur prophète, ils peuvent dire : moi qui reposerai au jour de détresse, à la montée du peuple. Et nous comprenons que ces hébreux, ce jour-là, entrent dans la maison de Yhwh, de manière définitive. Ils sont bien les élus de ce jour de colère, mais la question surgit, que tous ont dû soulever : « Et le peuple de Dieu, quand montera-t-il donc ? »

Il faut d’abord comprendre ce que nous dit le verset 17, en termes voilés qui semblent décrire une catastrophe agraire, possible et peut-être réelle ; ou symbolique, pour représenter la destruction de la ville, imminente ou en cours. Cependant, en quelle saison sommes-nous ? au printemps des fleurs, qui ne viennent pas, ou passé le temps des récoltes, sans fruits ? Et comment un figuier qui ne fleurira pas pourrait-il entraîner des vignes sans récolte ? Il faut chercher plus haut. Le figuier, autour de la Méditerranée et au-delà, symbolisait dans l’Antiquité la connaissance religieuse. En Israël, cette connaissance vient de la Torah, et le figuier sans fleur, donc sans fruit, c’est-à-dire arbre sec, est bon à brûler. Habaquq nous dit là que la Torah de Moïse ne donnera plus de fruit. Il le confirme en évoquant la parabole de la vigne, en Isaïe, cette vigne que possédait mon Bien-aimé, dont il attendait du fruit, et qui n’a donné que du verjus. L’olivier encore, ce puissant symbole d’Israël, l’olivier a déçu, par son fruit, si petit. Ce troupeau si petit, le voici décimé : le berger n’a plus que quelques brebis. Est-ce la fin de l’aventure humaine ? Le peuple de Dieu, ne montera-t-il donc jamais, avec tous les justes, de tous les temps ?

Isaïe, encore et toujours reste la référence. L’olivier est abattu, mais l’arbre d’Israël est de souche impérissable. Et bien que Jérusalem ait été abandonnée et livrée au feu, Comme le térébinthe et le chêne se perpétuant malgré l’abattage par la souche qui est en eux, sa souche est semence de sainteté. C’est pourquoi

Il arrivera dans les derniers jours que la montagne de la maison de YHWH s’établira en tête des montagnes ; elle s’élèvera au-dessus des collines, et toutes les nations afflueront vers elle.
 Alors viendront des peuples nombreux. Ils diront :
« Venez, montons à la montagne de YHWH, à la maison du Dieu de Jacob. Il nous indiquera ses chemins. Nous suivrons ses voies ;
« car de Sion sortira un enseignement, et de Jérusalem la parole de YHWH ».

Habaquq exulte de joie en Yhwh. Le Seigneur est sa force. Yhwh a porté le chant de son prophète au sommet de l’excellence. Et voici que les justes se réjouissent avec lui. Ils bondissent d’allégresse devant leur Dieu qui sauve le juste par sa foi.




HebraScriptur - Avril 2009




Note additionnelle
Le nom de Habaquq se rencontre aussi en dehors de la Bible hébraïque, dans un additif au livre de Daniel connu exclusivement en langue grecque. Dans ce texte, Israël est en captivité à Babylone où l’on vient de jeter Daniel dans la fosse aux lions pour qu’il y soit dévoré. Mais l’Ange du Seigneur vient chercher Habaquq, resté en Judée. Il le transporte par les cheveux de sa tête, jusqu’à la fosse ou se trouve Daniel, à Babylone. Alors Habaquq dit : « Daniel ! Daniel ! Prends la nourriture que Dieu t’a envoyée ». Et tandis que Daniel rend grâce à Dieu, l’Ange du Seigneur réinstalle Habaquq chez lui.



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