Psaumes des montées Notes
- Ps 120, 1
Chant. Les montées
Le Psaume 120 est le premier dune série de quinze psaumes consécutifs, commençant tous par le même mot: Chant , suivi du mot Les montées . Les 15 titres ne sont cependant pas tous identiques.
- Ps 120, 5
en des refuges de trouble
hébreu : im-oalé qédar
souvent traduit : « dans les tentes de Qédar ». Ailleurs, cependant, le mot qédar désigne ce qui est trouble, obscur.
- Ps 121, 1
Des montées
On peut lire aussi Pour les montées.
- Ps 121, 1
je lève les yeux vers les montagnes
Lever les yeux = regarder au-delà des apparences, projeter sa conscience.
Les montagnes = symbole des cultes, des religions notamment Sion, montagne de la sainteté de Yhwh , mais également signe dune ascension, dune élévation vers les hauteurs, loin du tumulte de la plaine.
- Ps 121, 2 ; 124, 8 ; 134, 3
faisant cieux et terre
La même expression revient 3 fois dans les Montées, dont la dernière en conclusion du cycle. Sa comparaison avec Élohim a créé les cieux et la terre (Gn 1, 1) fait apparaître plusieurs différences :
- cest le verbe faire au lieu du verbe créer, et ce verbe est au participe actif (littéralement « en train de faire cieux et terre ») et non à laccompli (a créé les cieux et la terre) ;
- le psalmiste ninvoque pas Élohim, qui crée, mais Yhwh, qui fait, qui agit.
- Élohim a créé les cieux et la terre, tels que nous les connaissons, tandis que Yhwh est en train de faire des cieux et une terre, tels que nous ne les connaissons pas encore.
On retrouvera les éléments de cette opposition au sein du verset Gn 2, 4.
- Ps 121, 3
gardien
hébreu : shomér
Cest à nouveau le participe actif : le gardien (ici Yhwh) est celui qui garde activement. Même expression ton gardien au verset 5 ; on ne la trouve nulle part ailleurs dans la Bible.
- Ps 121, 4
le gardien dIsraël
hébreu : shomér Israël
Cette expression est insérée au verset 4 entre les deux occurrences, aux versets 3 et 5, de lexpression unique ton gardien . Celui à qui sadressent ces paroles est appelé « Israël » : il désire vivre selon la spiritualité dIsraël.
- Ps 121, 8
ta sortie et ton entrée
Il sagit, pour le pèlerin qui sengage, de sortir de lenfermement dans une vie éloignée de Dieu, sortir de cette situation dans laquelle il avoue être resté complaisamment avec les ennemis de la paix (Ps 120), pour aller vers Dieu, pour entrer dans la Jérusalem céleste (Ps 122). Lhomme répugne à quitter ses vieilles habitudes : il craint les risques de cette sortie, indispensable à la venue vers Dieu. Cest Yhwh qui le gardera contre tous ces périls.
- Ps 121, 8 (aussi 125, 2 et 131, 3)
et jusquau temps secret
hébreu : we-ad-olam (GLOSSAIRE : éternité, temps secret, olam)
Le mot 'olam, de la racine 'alam cacher, tenir secret, désigne le temps de préparation qui précède les noces mystiques, jusquà sa conclusion qui est lunion achevée entre lâme et Dieu. Cette union parfaite correspond à lachèvement du temps (fin des temps) pendant lequel Dieu reste caché, agissant secrètement jusquau déchirement du voile (révélation = enlèvement du voile) qui découvre les secrets de Dieu à lâme qui le recherche. Lhomme entre alors en éternité : il échappe au temps.
La préposition ad devant le mot olam a le double sens de « jusquà » et « pendant », ce qui confère le caractère secret aussi bien au temps dattente et de recherche quà la rencontre mystique elle-même.
A partir du verset 121, 3, le psalmiste sadresse à un compagnon de pèlerinage (ou peut-être à lui-même, dans un débat intérieur, une rumination de lÉcriture) pour lui dire (se rappeler) que le Seigneur le protègera à partir de maintenant (sa sortie de son ancienne vie), pendant toute sa montée, jusquà sa venue, jusquà son entrée en éternité (Jérusalem céleste : cf Ps 122), cest-à-dire jusquà lachèvement du temps secret, jusquaux noces mystiques incluses.
- Ps 122, 1
Chant des montées. De David
Ce titre uniquement en Ps 122, 124, 131 et 133.
- Ps 122, 2
nos pieds se sont tenus
hébreu : 'omedot hayou ragelénou
Verbe amad, « se tenir », ici au participe actif pluriel, appuyé sur le verbe hayah, « être, exister ». Littéralement : nos pieds existaient « se tenant ».
Ce nest pas un hébraïsme pour dire que « nos pieds sarrêtent » de marcher. En effet, la forme simple (amedou, qal accompli pluriel) suffirait pour cela, par exemple : les fuyards sarrêtèrent dépuisement (Jr 48, 45). Le pied nest pas non plus lié au participe actif : mon pied se tient (amedah, qal accompli singulier) dans la droiture (Ps 26, 12), ou encore : tu as tenu (hèémedeta, hiphil accompli) mes pieds au large (Ps 31, 9).
La forme active du participe donne à cette incise un sens particulier, que lon trouvera dans les deux premières occurrences de la racine, lesquelles sont toutes les deux au participe actif : Lui (Abraham) se tenant devant eux sous larbre, ils mangeaient (Gn 18, 8) et Abraham se tenant encore devant la face de Yhwh (Gn 18, 22). Le verbe décrit lattitude dAbraham à Mambré, lors de sa rencontre avec les trois envoyés divins. Son sens dépasse la simple mention de la station debout, pour impliquer en même temps lattention, la disponibilité, le respect, une participation active en effet, dans lattente de Dieu et en sa présence. Observation confirmée par les occurrences suivantes du participe actif de ce verbe, notamment la première du livre de lExode : Le lieu au-dessus duquel toi (Moïse) te tenant, cest une terre de sainteté (Ex 3, 5).
Les interlocuteurs du pèlerin évoquent ici la conscience dêtre arrivés au terme de leur pélerinage, en présence divine, « dans les portes » de la Jérusalem céleste, cest-à-dire à lintérieur de la demeure de Yhwh.
- Ps 122, 3
Jérusalem, la construite
Dun point de vue historique, Jérusalem est la capitale du royaume dIsraël, de ses douze tribus unifiées par David (notez que ce chant, le premier de quatre, est de David). Dun point de vue spirituel, Jérusalem est donc le signe de cette unification, de cette fondation de paix comme le dit le mot yéroushalaïm : elle est le symbole de la Jérusalem céleste où règne la plénitude de paix (shalom).
David règne sur la ville de Jérusalem, maison de David, comme Yhwh règne sur la Jérusalem céleste, maison de Yhwh.
- Ps 122, 6
Demandez la paix de Jérusalem
Demandez dans vos prières, la paix de la Jérusalem céleste. On notera les allitérations douces et chuintantes de cette demande : shaalou shelom yeroushalaïm.