Psaume 50 — Notes


Ps 50, 1
pour une assemblée
Hébreu : le-asaph

Le verbe asaph signifie assembler, rassembler, mais ici, le mot est un nom commun masculin, bien que Asaph se rencontre plus souvent comme nom propre. Ces homonymies ne sont pas rares, par exemple adam (hominidé ou Adam), ou ahaz (possesseur ou Achaz), noms propres et/ou noms communs qui reproduisent, comme asaph, la forme verbale du radical. D’autres noms communs (quoique inconnus comme noms propres) sont construits de la même manière sur la forme verbale, tels aman (artificier), asham (dommage), pour ne citer que ceux dont la première lettre est aleph.

Le verbe asaph (rassembler) apparaîtra plus loin (verset 4) pour confirmer que ce psaume est bien destiné à une assemblée, convoquée par Dieu lui-même (versets 1, 4 et 5).


Ps 50, 1
Le Puissant
Hébreu : él

Le nom employé ici pour désigner Dieu, él, vient de la racine oul ou yl qui signifie « être fort, être le premier ». Ce mot n’est pas tout à fait un nom divin. En particulier, on évitera de le confondre avec la première syllabe él du mot élohim (nom divin : Dieu) que l’on trouve en composition dans beaucoup de noms propres (par ex. Shemou-él : écouté-de-Dieu) mais jamais, comme c’est le cas ici, en nom isolé.

On observe que l’Écriture prend soin de désigner Dieu de la manière la plus universelle, “ le Puissant ”, en indiquant ses deux Noms les plus connus :
Élohim, Dieu de la Création et du Jugement, Dieu unique adoré par de nombreux peuples ;
YHWH, Dieu de tendresse et de miséricorde, révélé au seul peuple d’Israël.
Le tétragramme n’apparaîtra plus dans ce psaume, où le nom d’Israël, lui aussi, n’apparaît qu’une seule fois (verset 7) ; en revanche, le nom divin Élohim y est présent sept fois. Dieu s’adresse au-delà du seul peuple d’Israël.

Ps 50, 1
du monde
Hébreu : èreç

Le mot est ici sans article. Au verset 4, le même mot apparaîtra mais cette fois avec l’article défini, et dans les deux cas, il est complément du même verbe convoquer. Le verset 4 précise que Dieu convoque “ les cieux et la terre (ha-éreç) ”, c’est-à-dire davantage que la seule terre : tout une partie de l’univers, beaucoup de monde, du monde (éreç).


Ps 50, 1
du lever du soleil jusqu’à son coucher
Hébreu : mimmizerah-shémésh ad-mebo'ow

L’expression ne se rencontre qu’ici et en Ps 113, 3 où elle a le même sens : toute la durée du jour.

Le sens invite à rattacher cette incise à ce qui suit plutôt qu’à ce qui précède. Le verset 2, qui suit, étant très bref (pas d’atnah) se trouve heureusement complété par cette introduction logique, qui redonne un équilibre à l’ensemble. On est ainsi en droit de se demander si, dans l’intention des premiers rédacteurs, cette incise n’appartenait pas au verset 2 plutôt qu’au verset 1. Nous avons cependant conservé le découpage du texte en versets tel qu’il nous est parvenu.


Ps 50, 3
Notre Dieu
Hébreu : élohénou

Littéralement nos élohim, c’est-à-dire « la révélation de la divinité que nous adorons ». En écoutant cette formule, le peuple d’Israël comprend « le nom divin révélé à Moïse, YHWH », et chaque peuple comprend le nom sous lequel, pour lui, a été révélé Élohim, Dieu, qui vient d’être nommé au verset précédent.


Ps 50, 4
gouverner
Hébreu : din (doun)

Le sens premier du verbe doun est bien gouverner, et non pas juger (hébreu : ShaPhaT). Bien que le jugement soit un devoir essentiel dans le gouvernement (rendre la justice), il n’épuise pas la fonction.
Cette précision de langage est indispensable. En effet, la suite du texte montre bien que Dieu ne convoque pas son peuple pour le juger ou le condamner (Yhwh est miséricorde et non jugement) mais d’abord pour le remettre sur la bonne voie. Il ne faut pas se laisser impressionner par le “ feu dévorant devant lui, et autour de lui ” : c’est une théophanie (manifestation de Dieu), sans rapport avec le jour de colère du jugement dernier. La venue de Dieu n’est redoutable que pour les malfaisants, car ils croient Dieu toujours silencieux (cf. versets 3 et 21).


Ps 50, 5
Rassemblez-vous
Hébreu : ysephou

Verbe asaph, en titre du psaume : rassembler ou se rassembler. Il est ici à l’impératif pluriel, au masculin, comme « mes fidèles ».


Ps 50, 6
sa justice
Hébreu : çideqwo

C’est le mot masculin çèdèq, la justice divine, la justice parfaite, l’équité absolue (cf. Glossaire : justice).


Ps 50, 6
qui juge
Hébreu : shophét

C’est bien ici le verbe juger, à la différence du verset 4 (gouverner). On voit que la fonction de justice n’est pas éludée dans le gouvernement divin, mais elle reste sous la bienveillance miséricordieuse de Yhwh.


Ps 50, 6
Confiance !
Hébreu : sélah

Encouragement fréquent dans les Psaumes. Voir note en Ps 3, 3.


Ps 50, 7
Moi, élohim, ton Dieu
Hébreu : élohim élohéka anoki

Formule exceptionnelle (hapax), au lieu de la formule très fréquente : “ Moi YHWH ton Dieu ”. Une fois encore, il est visible que le Tout-Puissant s’adresse à plus large que le seul peuple d’Israël.


Ps 50, 14 et 23
« todah »
Hébreu : todah

Ce mot a été laissé en hébreu dans le texte du psaume en raison de sa forte signification spirituelle à laquelle ne correspond aucun mot, dans nos langues modernes, qui en satisfasse entièrement le sens. On trouvera au Glossaire une description de la notion de todah à la rubrique “ confession, louange ”


Ps 50, 22
Éloah
Hébreu : eloah

C’est le nom divin, élohim, qui signifie Dieu, mais il est ici au singulier. Cette forme est rarement employée, sauf au livre de Job où c’est la règle. Sa présence, ici, manifeste une fois encore l’intention divine de s’adresser au monde, et non au seul peuple d’Israël qui ne connaît pas (ou si peu) ce nom.


Ps 50, 23
et il a ouvert un chemin
Hébreu : wesam dèrèkhe

Littéralement : et il a disposé (établi, arrangé, etc.) un chemin. Le verbe soum peut revêtir nombre de connotations différentes, mais il traduit toujours des changements sans apport extérieur ni destruction de ce qui existe. C’est bien le cas ici : le chemin ouvert par cet homme n’est pas tracé dans le roc à coups d’explosifs, mais résulte simplement d’un regard dont la sagacité a découvert la place des choses.
Et ce chemin conduit à Dieu.