Psaume 3 — Notes


Ps 3, 1
dans sa fuite devant son fils Absalom

Pour la situation correspondant à cet incipit, on consultera le second livre de Samuel, chapitres 15, 16 et 17.
David est poursuivi par son fils Absalom qui a pris la tête d’une forte troupe d’insurgés et circonvenu une partie du peuple, dans le but de renverser le roi son père et de régner à sa place. Parfaitement conscient des intentions parricides de son fils, David fuit Jérusalem avec les fidèles de son peuple, et attire les séditieux à combattre dans la forêt.


Ps 3, versets 3, 5 et 9
Courage ! Confiance !
Hébreu : sélah

Terme très fréquent dans les Psaumes. Il s’agit d’une pause à caractère musical, d’un commentaire ponctué, mais aussi d’une invitation à reprendre courage : haut les cœurs ! Aucune expression ne peut traduire ce mot dans toutes les situations où il se rencontre : il faut adapter, dans chaque cas.

Ps 3, 4
ma gloire
Hébreu : kebodi

Mon « honneur » ou ma « gloire », littéralement mon « poids », c’est-à-dire ma réalité. « Sans toi, je n’aurais aucun poids ».


Ps 3, 5
son sanctuaire

Littéralement: « la montagne de sa sainteté ». Pour cette expression, on consultera la note Ps 2, 6.


Ps 3, 8
les pointes des malveillances
Hébreu : shiné resh’aïm

Les deux mots rash’a « méchant », et rèsh’a « méchanceté », ont le même pluriel resha’ïm. Il est donc nécessaire, lorsqu’on rencontre ce pluriel, de chercher s’il s’agit de “ méchants ” ou de “ méchancetés ”. D’après les occurrences des deux mots au singulier, on devrait rencontrer la lecture « méchancetés » environ une fois sur cinq ; ce n’est pas le cas, la lecture “ méchants ” étant toujours retenue dans les traductions. On pourra consulter à ce sujet la note « faire le mal » au Glossaire.
Ici, la lecture « tu brises les dents des méchants », bien que grammaticalement correcte et très largement répandue, est inacceptable du double point de vue de la théologie et du simple bon sens. Il faut distinguer :
- d’une part les “ assaillants ” (verset 2), hébreu tsar, de tsarar: opprimer, persécuter, renfermer, serrer;
- d’autre part les “ ennemis ” (verset 8), hébreu oyev, de ayav : haïr; les ennemis sont les “ haïssants ”.
David appelle Yhwh à son secours pour réduire ses ennemis à l’impuissance, mais il ne souhaite aucune vengeance sur ses assaillants qui sont Absalom et ses partisans, adversaires du moment mais certainement pas ses ennemis. Les ennemis du juste ne sont pas les persécuteurs mais la persécution qu’il endure, non les pécheurs mais leur péché avec ses conséquences. Aussi, afin qu’il ne succombe pas sous la persécution (Ps 55, 23), Dieu agrée la prière du juste — juste parce qu’il met sa confiance en Dieu — en rendant inopérantes les armes de ses assaillants : l’étau qui opprime, le levier de serrage (la mâchoire), les pointes blessantes (les dents).
Ces images, empruntées au règne animal comme ailleurs la gueule du lion, figurent l’adversité. Il ne faut pas les transformer en attributs humains, car ce glissement désigne les assaillants comme coupables et ennemis de Dieu. Non, Dieu ne sauve pas le juste au prix de la mort du pécheur : il aime tous les hommes du même amour et veut la conversion du pécheur, non sa mort (Ez 18, 23). C’est nous qui, dans l’adversité, nourrissons des sentiments vengeurs à l’égard des autres. Notre trahison — car c’est un manque de foi — accrédite ainsi abusivement la thèse insidieuse d’un Dieu cruel et vengeur. Le messie, David, et son Seigneur, Yhwh, nourrissent si peu d’esprit de revanche envers leurs assaillants, que pour conclure sa prière, au dernier verset du psaume, David appelle la bénédiction de Dieu sur ce peuple qui le poursuit. Ainsi, il annonce et prépare ce que dira Jésus, Christ et fils (ici spirituel) de David : “ Aimez ceux qui vous haïssent ”, “ pardonnez-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ”.


chemin des bonheurs

Le titre du Psaume 1 peut se lire “ L’homme sur la bonne voie ” ou, littéralement, “ Bonheurs de l’homme ”. On peut consulter à ce sujet la note correspondant à ce titre : Ps 1, 1 et Ps 2, 12.