La main et le nom (Yad vashem) — Notes


la main et le nom
hébreu : yad vashem

Dans le verset Isaïe 56, 5 (ainsi qu’en d’autres passages de la Bible), la main est prise comme symbole de force, de puissance, de commandement, comme signe de pouvoir, d’autorité sur un domaine (la main de la justice). Cette « main » est parfois représentée sur le sceptre qui symbolise le pouvoir (le sceptre royal).

L’expression yad vashem est unique en Bible. Les principales lectures rencontrées sont les suivantes : La Septante, la King James et L. Segond ont respecté l’esprit de cette main, avec les mots lieu ou place qui évoquent un domaine sur lequel la main exerce son autorité, tandis que la Vulgate s’en écarte un peu (creux de la main ?). Mais le choix (apparemment) moderne du terme monument relève du contresens. Ce choix trouve probablement son origine dans le rapprochement du verset d’Isaïe avec les circonstances de la mort d’Absalom :
De son vivant, Absalom s’était fait ériger un monument dans la vallée du roi car, avait-il dit, je n’ai pas de fils pour transmettre le souvenir de mon nom. Et il nomma le monument, qu’il appela “ main d’Absalom ”, nom qui lui est resté à ce jour.
(2 Sam 18, 18)
Absalom était dans la situation des eunuques dont parle Isaïe. Il n’avait pas de descendants pour honorer sa mémoire, pas de fils à qui transmettre l’héritage qu’on attache en général à son nom : un domaine, un titre, une charge, un pouvoir. Pour Absalom, ce pouvoir était le sceptre (main) de la royauté en Israël, qu’il ambitionnait d’arracher à David son père. Sa tentative ayant échoué, le monument qu’il avait fait construire devenait le seul héritage qu’il laissait à la postérité : une « main » vide, désormais dénuée de sens. C’est pourquoi la Bible ne nous signale l’existence de ce monument qu’après avoir décrit la mort d’Absalom (verset précédent) : on avait jeté le corps d’Absalom dans une grande fosse, dans la nature, et on l’avait recouvert d’un énorme tas de pierres (2 Sam 18, 17). La « main d’Absalom » avait signé la condamnation du fils révolté qui portait la main contre le roi messie, son père.

Pour la plupart, les témoins précédemment cités ont conservé à ce verset du livre de Samuel la lecture littérale du nom « main d’Absalom » (Septante, Vulgate, Crampon, Chouraqui). Mais on trouve déjà le mot « lieu » (place) dans la King James, et surtout monument chez L. Segond et dans la Bible de Jérusalem. Il semble que, faute d’avoir compris les raisons pour lesquelles Absalom avait donné le nom de « main » à son monument, certains lecteurs modernes aient préféré remplacer ce nom par la qualité de l’objet nommé (un monument) ouvrant ainsi la porte au contresens qui fleurit désormais en Isaïe où il n’est pas du tout question de monument.

En 1953, les fondateurs du mémorial Yad vashem, à Jérusalem, se sont probablement appuyés sur ce contresens, qui avait été consommé largement avant eux ; ils ont pu être influencés en cela par l’École biblique de Jérusalem dont les éditions plus récentes traduisent encore main par « monument ». Le site internet du mémorial se réfère explicitement au verset 5 du texte d’Isaïe, mais de manière tronquée. Il ne cite pas le verset 4 qui attribue la donation divine aux eunuques et non aux fils d’Israël ; il omet les mots mieux que des fils et des filles, un nom d’éternité, qui font de la donation divine un héritage spirituel et non un mémorial ; et il traduit le mot yad de l’expression yad vashem par « mémorial » au lieu de « main » :
“ And to them will I give in my house and within my walls a memorial and a name (a "yad vashem")... that shall not be cut off. ”
(Isaiah, chapter 56, verse 5)
(http://www1.yadvashem.org/about_yad/index_about_yad.html)


Remarque grammaticale
La vocalisation de l’expression Yad vashem peut donner l’impression que seul le second mot porte l’article défini, le premier étant indéfini : « une main et le nom » (lecture des Septante ?). Il n’en est rien, car la vocalisation forte du waw ne marque pas la trace d’un article disparu (cas général) ; elle est employée ici devant un monosyllabe à ton fort. Cet usage est fréquent lorsque deux mots analogues sont étroitement associés (par exemple yom va-layelah, « jour et nuit », ou « le jour et la nuit ») à la fin d’une incise, ce qui est le cas ici.




verset 1
justice
hébreu : çedaqah

Observez le droit (les décisions divines) et devenez de plus en plus juste.

On trouvera au Glossaire (justice) les éléments linguistiques nécessaires à la compréhension des deux termes çèdeq et çedaqah, qui ne sont pas exactement synonymes.


verset 1
se révéler

Aux derniers jours, Dieu révèle comment il fait de l’homme un juste.


verset 2
Heureux mortel
hébreu : asheré énosh

Expression identique à celle du Psaume 1 dont c’est le premier mot : “ Heureux l’homme… ”. Notez toutefois que Isaïe emploie le mot « mortel » et non le mot « homme ».

(Voir note Ps 1, 1) (Glossaire : voir homme ; voir mortel)


verset 6
officier
hébreu : shéret

Ce verbe exprime la pratique du service divin. Sont désignés ici, ceux qui s’associent à la liturgie prescrite pour le culte de YHWH.


verset 7
montagne de ma sainteté
hébreu : har-qodeshi

L’expression est présente onze fois dans la Bible, dont la première en Psaume 2, 6
(voir la note Ps 2, 6 correspondante)



HebraScriptur 6.5
rév. HebraScriptur 6.9