Prêtre
Hébreu : kohen

Le mot hébreu kohen (plus souvent transcrit cohen) peut être considéré comme le participe actif du verbe KaHaN, « préparer, apprêter », employé comme substantif. Ce verbe apparaît 23 fois dans la Bible, principalement au Pentateuque ; il est toujours à la forme intensive, et presque toujours dans un sens religieux : servir Dieu dans le Temple, agir en tant que prêtre. Une seule exception permet d’en connaître le sens dans un emploi non religieux :

J’exulte d’allégresse en Yhwh ! mon âme danse de joie en mon Dieu !
Car il m’a revêtu des vêtements du salut,
du manteau de la justice il m’a enveloppé !
Comme on apprête l’époux d’un turban,
comme on pare l’épousée de ses atours.

(Isaïe 61, 10)

Ce verset est précieux. Isaïe nous dit, par comparaison, que le rôle du prêtre, le kohen, l’« apprêtant », est de préparer l’hommme aux épousailles du Ciel et de la Terre, à la rencontre mystique de l’Homme avec son Dieu. Préparation qui consiste à aider l’homme à devenir conscient de ce que Dieu lui-même, par l’intermédiaire de ses frères et en particulier du kohen, vient le transformer pour cette rencontre, vient le sauver (de son enfermement dans le péché) et faire de lui un juste. Le prêtre est celui qui prépare l’homme à entrer en éternité.

Le mot kohen figure sept fois dans la Genèse. Le premier prêtre dont parle la Bible est « Melki-çèdèq, roi de Salem », qui était « prêtre du Dieu Très-Haut » (Gen 14, 18). On ignore tout des origines de Melki-çèdèq, on sait simplement qu’il n’était pas Hébreu. La mention de son nom sans aucune référence témoigne des origines extérieures à la Bible de la fonction de prêtre. Le fait est confirmé par les six autres occurrences du mot kohen dans la Genèse, qui se rapportent, pour les trois premières (2, 3 et 4) à Poti-Phéra, prêtre de la ville égyptienne de On, dont Joseph épousa la fille après sa lecture du rêve de Pharaon, et pour les trois dernières (5, 6 et 7) aux prêtres égyptiens en général.

Quelques siècles plus tard, Moïse, lui aussi, épouse la fille d’un prêtre de Madian (occurrences 8, 9 et 10 du mot kohen). La fonction de prêtre est alors encore inconnue des fils d’Israël. C’est seulement après leur sortie d’Égypte, que Yhwh se manifeste sur le mont Sinaï et révèle à Moïse leur vocation à devenir un peuple de prêtres :

Vous serez pour moi un royaume de prêtres et une nation sainte. Voilà les paroles que tu diras aux fils d’Israël.
(Exode 19, 6)

Le mot kohen apparaît trois fois dans ce chapitre, puis il n’est plus question de prêtre jusqu’à ce que la Bible emploie, pour la première fois, le verbe KaHaN : Yhwh demande à Moïse de faire venir Aaron et ses fils afin de les consacrer à son service dans l’exercice du sacerdoce (Exode 28, 1). La vocation du prêtre devient alors primordiale au sein du peuple de Dieu. Le Lévite Aaron est le premier à y répondre. Ses fils hériteront de la charge, avec les Lévites, mais en vérité, c’est tout le peuple, tous les fils d’Israël qui sont appelés à la vocation de « nation sainte et royaume de prêtres ». Parmi eux, le messie, l’élu de Dieu sera le prêtre par excellence, selon l’ordre de Melki-çèdèq (Psaume 110, 4). Le grand prêtre, qui porte le titre de kohen ha-mashiah, « prêtre oint », agissant désormais au nom du roi messie, sera plus particulièrement chargé d’offrir le sacrifice dans le Temple. Mais il reste avant tout, auprès du messie, celui qui prépare le peuple, par le service de la liturgie, à ses noces mystiques en éternité.


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HebraScriptur 6.1