Labsence de larticle défini entraîne que le mot adam est ici : soit un nom commun indéfini, soit un nom propre. Cependant, le contexte rendrait absurde le verset si lon prétendait quun adam, indéfini, a pénétré « de nouveau sa femme » ; il sagit bien du même adam, dont il est question depuis le début du chapitre. LÉcriture vient donc de le désigner par un nom propre.
Sil est certain que le mot adam est ici un nom propre, il est en revanche beaucoup moins sûr que ce soit la première fois. Le mot est apparu 27 fois avant le verset 4, 25, dont 22 fois avec larticle défini. Voici les 5 occurrences où le mot adam apparaît sans article :
- Gn 1, 26 - Et Dieu dit : Faisons un adam ou Faisons Adam . Les deux versions sont acceptables ; la seconde annonce beaucoup mieux le plan divin mené jusquà son terme, mais on ne peut pas trancher.
- Gn 2, 5 - Pas de adam (ou pas de Adam) pour cultiver
Même analyse quen 1, 26.
- Gn 2, 20 - Mais pour un adam, il ne trouva pas daide assorti. Le nom commun parait plus logique, puisque nous avons toujours affaire à un hominidé.
- Gn 3, 17 et pour Adam il [Dieu] déclara :
Ici, le nom commun naurait guère de sens, car le sujet visé est parfaitement défini. Après la chute, cette leçon divine sadresse bien à lhomme Adam.
- Gn 3, 21 - Dieu confectionna pour Adam et pour sa femme
Même analyse quen 3, 17.
La grammaire donne à penser quaprès lépisode du fruit défendu, donc à partir de Gn 3, 17, le adam était devenu un homme du nom de Adam. Mais cette transformation est sans doute antérieure, et en tous cas difficile à localiser ; nous ne pouvons la constater avec certitude quà partir du verset 4, 25. Lincertitude qui subsiste sur lanalyse, en moyens, lieu et temps, de la transformation de lhominidé en homme, est un trait caractéristique de laction divine : nous ne pouvons jamais pénétrer entièrement le mystère à la première rencontre. Yhwh a dit à Moïse : tu ne pourras me voir que de dos.