Les Juifs et la Bible


Deuxième Partie

Israël

Ésaü et Jacob

Les lecteurs de l’histoire d’Abraham, et notamment les premiers fils d’Israël, ont toujours été persuadés que l’héritage des Hébreux revenait automatiquement au fils premier né. C’est pourquoi la généalogie des patriarches a été notée dans la Genèse avec tant de soin, depuis Adam jusqu’à Abraham, de fils aîné en fils aîné, et toujours avec la même forme verbale active indirecte (Hiphil) qui exprime la volonté consciente du père de faire enfanter une femme — une femme dont l’identité importait peu dans cette succession patriarcale. C’est à peine si l’histoire a remarqué le hiatus qui fait passer de Noé à Sem, troisième de ses fils, alors que Japhet, le premier né, est toujours cité en dernier (cf. 1ère partie, Les Hébreux). Avec Abraham, pourtant, les difficultés commencent. Car son fils aîné est Ismaël, et non Isaac. L’identité de la mère prend soudain de l’importance et permet d’écarter Ismaël, fils de la servante. À la génération suivante, l’aîné, Ésaü, perd son héritage au profit de son frère Jacob, mais par sa faute, pour avoir méprisé la bénédiction paternelle. Et comme, après tout, les deux frères étaient jumeaux, le droit d’aînesse semble encore valide. Pourtant, avec Jacob il va perdre tout son sens. On pourra, un temps encore, estimer que l’héritier légitime est Joseph, son onzième fils, oui, mais l’aîné de Rachel, la femme choisie par Jacob. Jacob devenu Israël brisera durablement cette idole du premier héritier mâle en désignant dans son testament son quatrième fils, Juda. Oublié pour quelques siècles, le droit d’aînesse va malgré tout resurgir avec David — paradoxalement huitième fils de Jessé — qui viendra succéder au premier roi d’Israël, Saül, un mauvais roi, descendant du douzième fils de Jacob ! Aussi, pour justifier l’enracinement du lignage de David en Juda que désignait le testament d’Israël, on ajoutera, au livre de Ruth, cinq versets généalogiques essentiels, qui reposent sur sept siècles d’histoire incertaine mais qui emploient la forme verbale forte réservée aux patriarches — laquelle n’avait plus servi depuis Isaac. C’est dix générations de fils (presque tous) aînés, ancêtres de David, qui seront ainsi raccordées à ce fils, Pérèç, que Juda avait eu involontairement de sa belle-fille Tamar quand celle-ci s’était fait passer pour une prostituée auprès de son beau-père. On appréciera encore qu’il s’agissait bien d’un fils aîné (pas pour Juda, pour Tamar) quoique né le second, puisqu’il avait brûlé la politesse à son jumeau dès sa naissance, abolissant ainsi avec brio et sans attendre l’âge mûr, l’éviction d’Ésaü par Jacob.

Une telle obstination dans l’attachement au droit du sang aurait de quoi faire sourire si elle ne traduisait pas cet aveuglement humain, trop humain, devant un héritage convoité qui empêche de voir où se situe l’action divine. Pourtant, s’il n’y a pas eu action divine, à qui fera-t-on croire qu’il y a eu action humaine, volontaire et consciente d’engendrer, lorsque Juda se découvre le géniteur de Pérèç ? On ne le dira jamais assez, ce n’est pas l’homme qui engendre des fils, c’est Dieu, par qui des fils sont engendrés (cf. en Première Partie note 1 sur l’action d’engendrer), Dieu qui engendre l’homme à la vie éternelle en faisant de lui un hébreu (cf. note 5), un passeur en éternité. À cet égard, l’histoire d’Ésaü et de Jacob est assez instructive ; elle illustre cette opposition des hommes au projet divin qu’ils ne comprennent pas. Jacob sera le premier, lorsqu’il deviendra Israël, à faire l’expérience et à devenir conscient de l’action divine sur l’homme ; il en livrera le secret avant de mourir, dans le testament qu’il laisse à ses fils.

Si Jacob porte ce nom de talonneur, supplanteur ou usurpateur, c’est en raison du signe, visible à sa naissance, de sa main saisissant le talon de son frère. Ce signe d’une mainmise sur le chemin de fils aîné tracé pour Ésaü est une annonce prophétique, mais il ne faut pas la lire comme une condamnation de la conduite future de Jacob. On se souvient, en effet, comment Jacob n’a jamais recherché l’héritage promis à son frère. Aucune ruse n’est venue de lui, contrairement à ce que croit Isaac trompé en réalité par sa femme, car c’est bien Rébecca qui organise la supercherie. Mais surtout, en amont, l’événement déclencheur est le mépris initial d’Ésaü pour la bénédiction patriarcale, attitude qui ne pouvait que déplaire à Dieu et conduire au choix de Jacob. Par la suite, Isaac comme Ésaü ont sans aucun doute été manipulés, voire aussi Jacob, puisque ce n’était pas lui le manipulateur. Ce n’était même pas Rébecca, c’était le souffle d’Élohim.

L’histoire d’Ésaü et de Jacob ne s’arrête pas là. Rebecca, à qui l’on rapporte les intentions meurtrières d’Ésaü contre son frère « usurpateur », envoie son fils se réfugier chez son propre frère, “ le temps qu’Ésaü calme sa colère ”. Jacob y restera vingt ans (Gn 31, 38), au service de son oncle Laban. Il repartira avec ses deux femmes, leurs servantes, ses onze enfants, et tous les biens qu’il a acquis. Et c’est au cours de ces deux voyages, que Dieu se manifestera à lui dans les deux événements qui vont déterminer toute l’histoire du peuple de Yhwh : à l’aller, dans sa vision de l’échelle qui relie la terre et le ciel ; au retour, dans son combat nocturne au gué du Yabboq. Entre ces deux événements, Jacob subira les humiliations de son oncle, pendant vingt ans, sans cesser de le servir. Et puis, alors qu’il avait fui sans revoir son frère qu’on lui disait prêt à le tuer, alors qu’il a passé ces vingt années dans la crainte de le retrouver, lorsqu’enfin Yhwh lui demande de revenir à la maison de son père et qu’il prépare quantité de cadeaux pour séduire un Ésaü qu’il croit toujours courroucé, grande est sa surprise de retrouver ce frère accueillant qui l’embrasse en refusant ses cadeaux. Un grand pas vient d’être franchi dans l’histoire des hommes, un immense progrès spirituel que nous allons maintenant scruter attentivement.

La promesse à Jacob

Jacob a quitté Béer-Sheba, cette terre de Canaan où son grand-père Abraham s’était établi. Il fuit son frère Ésaü. Il se rend à Charan, chez le frère de sa mère. C’est de Charan qu’était parti Abram, quand Dieu lui avait dit : Va ! Je ferai de toi une grande nation. Cette fuite doit avoir pour Jacob le goût d’un retour en arrière, comme une régression. Certes, il n’est pas resté sur cette impression d’avoir trompé son père Isaac, puisque sa mère a poursuivi la manœuvre, jusqu’au bout, faisant endosser à Isaac la décision qu’elle avait elle-même prise de faire fuir Jacob, au motif de le marier à une fille de son frère Laban ; et Isaac a répété sa bénédiction, sachant bien cette fois qu’il s’adressait à Jacob et non à Ésaü. Tout cela était-il suffisant pour que Jacob se sente vraiment l’élu de Dieu ? À lui, Dieu n’a encore jamais parlé. Il se voit plutôt l’élu de sa mère, qui a tout arrangé, qui a manipulé la bénédiction. Elle lui a dit qu’elle le préviendrait, dès qu’il pourrait revenir. Mais quand ? Angoisse de partir, seul, sans savoir, dans l’insécurité. Commence alors la descente en Égypte de Jacob. Or, voici qu’aussitôt son départ, Dieu se révèle à lui, dans un songe qui va éclairer sa nuit. Voici qu’une échelle se dressait en terre, dont le sommet touchait aux cieux. Et voici que les envoyés de Dieu y montaient et en descendaient. Voici encore que Yhwh se tient au-dessus de l’échelle, se fait reconnaître comme le Dieu de ses pères, lui fait don de cette terre de Canaan sur laquelle il est couché, et lui renouvelle la promesse faite à Abraham quand il s’était établi, là : Toutes les familles de la terre seront bénies en toi et en ta descendance. Et pour achever de le rassurer, Yhwh ajoute : Je suis avec toi. Je te garderai partout où tu iras, et te ferai revenir sur cette terre. Je ne t’abandonnerai pas que j’aie réalisé ma promesse.

Tout s’accomplit en cet instant, même si tout reste à faire — qu’importe ! puisque c’est Dieu qui « fait », il suffit d’acquiescer, de croire. Tout s’accomplit en effet, et lorsque Jacob s’éveille pour dire : « C’est certain, YHWH est en ce lieu et moi je l’ignorais ! », il réalise que bien avant sa vision nocturne, Dieu, déjà, était avec lui, présent en tout ce qui était arrivé. Tout cela n’était rien d’autre que la réponse divine à son invocation muette lorsque, devant Ésaü, il répliquait aux exigences gourmandes de son frère affamé : « Vends-moi donc ton aînesse ! ». Provocation ? taquinerie de la part de Jacob ? Non. Épreuve, tentation pour Ésaü, où Jacob n’est que l’instrument de Dieu. Car Jacob ne veut rien prendre à son frère, mais pourquoi pas, il se sent prêt à assumer cette aînesse qui aurait tout aussi bien pu lui échoir, il la désire. Dieu a entendu. Et puisque Ésaü s’est engagé par serment à tout lui céder, cela suffit pour conclure : en donnant à son frère la nourriture qu’il réclamait, Jacob a obtenu de Dieu l’aînesse qu’Ésaü avait méprisée. Mais il ne le savait pas encore. C’est maintenant, après son rêve, qu’il peut accueillir avec foi la promesse divine. Il comprend qu’il est vraiment devenu l’élu de Dieu, et que tout ce qui va suivre, jusqu’à son retour à la maison de son père, sera son épreuve, pour lui comme autrefois pour son « père » Abraham. Épreuve où Dieu se retire mais n’est absent qu’en apparence, Jacob vient de l’entendre : Je suis avec toi. C’est pourquoi il s’engage, maintenant, avec solennité, versant de l’huile sur la pierre où reposait sa tête pendant sa vision. Il accepte la proposition qu’il scelle de son vœu : Si Élohim est avec moi et me garde pendant tout ce voyage, si je retourne en paix à la maison de mon père, alors YHWH sera mon élohim.

Vingt ans plus tard, lorsque Yhwh lui demande de revenir à la maison de son père, Jacob part. Il est encore poursuivi par Laban, insatiable, auprès duquel Yhwh devra intervenir afin qu’il laisse aller son élu vers la conclusion de son épreuve. On annonce à Jacob qu’Ésaü marche à sa rencontre avec quatre cents hommes. Effrayé, Jacob se dépouille alors de tout ce qu’il a acquis chez son oncle ; il envoie son équipage en ambassade, faire présenter ses troupeaux comme cadeaux pour son frère. À quoi lui servent tous ces biens, s’il doit périr de la main d’Ésaü ? Et il reste seul. Il implore miséricorde auprès de Dieu, il invoque Yhwh qui a promis vingt ans plus tôt de le garder sain et sauf jusqu’à son retour. Délivre-moi de la main de mon frère !

Jacob est resté seul, dit l’Écriture, et un homme lutte avec lui. Jusqu’à la montée de l’aurore.

Le nom d’Israël

Il lui dit : « Quel est ton nom ? » ;
il dit : « Jacob ».
Il dit : « Ton nom désormais ne se dira plus
' Jacob ', mais plutôt ' Israël ',
« car tu as
' lutté ' avec Dieu et avec les hommes, et tu t’es montré capable ».
(Genèse 32, 28-29)

La plupart des traditions, s’appuyant sur le dernier de ces deux versets, justifient le nom donné à Jacob, Israël, en rattachant la première partie du mot (isra-) au verbe sarah, auquel on donne le sens de « combattre, lutter ». La fin du mot, -el, étant une forme brève du nom divin élohim, l’ensemble est lu comme « Combattant de Dieu » ou « Lutteur avec Dieu ». Ces formules ou leurs variantes ne sont pas satisfaisantes, pour plusieurs raisons. En premier lieu, si l’on conserve le sens de lutter au verbe sarah, il faudrait lire « Dieu combat » ou « Dieu lutte », comme on lit « Dieu entend » en Ishm'aël. On comprend que la lecture fautive n’est qu’un moindre mal pour écarter cette idée malencontreuse d’un Dieu combattant (contre qui ?), mais il faut respecter la grammaire et lire ce qui est écrit. D’autre part, le verbe sarah étant construit sur le nom radical sar (un prince) n’a jamais reçu le sens de lutter que dans ce verset, ici, exclusivement. C’est pourquoi certains exégètes (nous les suivrons) proposent de conserver à ce verbe la notion de primauté contenue dans son radical, pour lui garder son sens de « agir en prince », agir en seigneur, en premier, en chef, en fils de roi. Et le mot Israël signifie alors Dieu agit en prince, Dieu agit en seigneur. Il reste à retrouver en quoi consiste le combat de Jacob, car la notion de lutte ou de combat est loin d’être évacuée par cette attribution de sens, mais elle ne réside dans aucun des mots de ce passage et ne se découvrira qu’au terme d’une analyse d’ensemble de l’expérience vécue par Jacob.

Le second mot qui fait problème dans cette page essentielle, c’est le verbe abeq, verbe d’état que l’on trouve ici à deux reprises, mais nulle part ailleurs. Que signifie-t-il ? Puisque seule une lutte physique pouvait avoir brisé ou luxé la hanche de Jacob, on a attribué (encore !) le sens de lutter à ce verbe (Gn 32, 25 & 26). Or le nom abaq, plus fréquent, a partout le sens de poussière, et l’on trouve, dans la littérature, des commentaires qui justifient le sens donné à ce verbe par la poussière que soulève la lutte. Une telle lecture est choquante, parce que les deux occurrences du verbe abeq sont toutes les deux à la forme passive (Niphal) et qu’on voit mal comment une action de lutte, aussi physique, serait convenablement décrite par un verbe passif, « être empoussiéré », loin d’exprimer l’essentiel de ce qui se passe dans une lutte. Pourquoi aurait-on choisi une enseigne aussi boiteuse pour créer un verbe lutter qui ne manque pourtant pas de synonymes en hébreu ? On comprend qu’un mot de sens aussi abstrus n’ait jamais été utilisé par la suite. Il faut donc chercher ailleurs quels sont les éléments bibliques susceptibles de nous guider vers le sens, à reconstituer, de ce verbe abeq.

La première source de connaissance vient des six occurrences du nom abaq. On remarque, à les parcourir, qu’il s’agit moins de poussière — dont le nom ordinaire est 'aphar et non abaq — que de poudre ténue, de fumée, ou d’un impalpable produit de combustion. On se rapproche même de la vapeur, lorsque le prophète Nahum (1, 3) écrit que “ les nuages sont le abaq des pieds de Yhwh ”, et le mot abaqah, dérivé du précédent, confirme cette idée, en désignant, au Cantique (3, 6), des aromates qui voisinent avec les effluves de la myrrhe et de l’encens. Par ailleurs, le radical bilittère BQ s’exprime aussi dans le verbe BaQaQ, par l’action de couler jusqu’à se vider complètement, dans une idée de profusion que rien ne retient (le mot baqbouq, une outre ou une bouteille, vient de cette racine). Et nous voici de retour avec Jacob au gué du Yabboq, mot de même racine encore, signifiant « il s’écoule à flots abondants » (voire il se vide), ce qui, en retour, invite à lire le verbe abeq ici sous forme passive comme « je suis vidé », « je suis pulvérisé », « je suis liquéfié », ou encore « je me répands comme les eaux », expression que nous retrouverons dans la bouche de David, avec le verbe synonyme shaphakh, lorsque le roi mystique ressent que tous ses os se disloquent, lorsque son cœur fond comme cire, sous l’action divine, alors qu’il va très vite se trouver en présence de Yhwh (Ps 22, 15).

Le combat…

Ce que Jacob expérimente en cette dernière nuit de son épreuve, ce qui précède la montée de l’aurore (verset 25), c’est l’homme qui renonce à lui-même pour s’abandonner entre les mains de son Dieu, son Seigneur, son Prince, son Roi de Justice. Dans cette épreuve, Dieu anéantit toute résistance à la grâce, « pulvérisant », « liquéfiant » son bien-aimé, le vidant de tout ce qu’il croit être sa substance — os disloqués, cœur brisé —, pour ne plus laisser en lui qu’un feu dévorant. Feu qui consume nos réticences, qui révèle et fait monter le parfum des aromates, abaqah, feu qui seul permet la rencontre entre le ciel et la terre. C’est ce que dira Jacob lui-même après cette rencontre, en nommant ce lieu Peniel (Face-de-Dieu), car, dit-il, j’ai vu Dieu face à face. Or ce miracle ne peut arriver qu’au terme d’une longue nuit. La nuit de Jacob a duré vingt ans. Un long tunnel où il s’enfonce en fuyant son frère, pour une première nuit d’inquiétude que vient éclairer la promesse divine, jusqu’à cette dernière nuit angoissante du Yabboq qui s’achève, ici, dans l’aurore désirée. Qui donc est cet homme rencontré au milieu du gué ?

Il vit qu’il ne pouvait rien avec lui, aussi le frappa-t-il à la hanche.
La hanche de Jacob se démit, tandis qu’il était atomisé avec lui.

(Genèse 32, 26)

Cet homme — est-ce bien lui qui brise la hanche de Jacob ? —, c’est d’abord Dieu, qui brise nos résistances, nos « os », pour qu’il soit clair que toute force d’accomplissement est force divine, exclusivement, que rien ne vient de nous, ni de nos propres forces — dont la hanche brisée marque l’impuissance à marcher seul —, ni de nos mérites. Mais cet homme, c’est aussi l’oncle Laban faisant obstacle, sa réticence et ses brimades qui réalisent l’action divine, qui en sont l’instrument. Et le combat de Jacob, c’est sa résistance au désespoir ou à l’abandon, sa foi en la promesse de lumière en dépit des déconvenues, sa persévérance dans la prière et dans le service, même exigé par abus. Son combat se nourrit de sa foi. Il tiendra bon et servira, jusqu’au bout de la nuit.

…et la force spirituelle…

Pourquoi Dieu, qui veut le bonheur de l’homme, le réduit-il ainsi à l’impuissance ? Pourquoi faut-il souffrir pour aller à Dieu ? Dieu, cependant, conduit son bien-aimé sans se tromper. Si celui-ci souffre, c’est toujours pour avoir résisté à l’action divine qu’il discerne si mal. L’homme fort est celui qui renonce à agir par lui-même pour s’en remettre entièrement à son Seigneur. Sa force vient de Dieu. Et cette force spirituelle porte un nom, en hébreu, c’est le mot qèren, mot qui désigne, dans le Temple, les cornes de l’autel du sacrifice offert à Yhwh. C’est en effet quand l’homme sacrifie ce qu’il croit tenir comme sa propriété, que Dieu peut le rendre fort. La première occurrence du mot qèren illustre parfaitement cela. Elle est en Gn 22, 13, au moment où Abraham vient de renoncer au bien qui concrétise la promesse divine et qu’il croit tenir en son fils Isaac. Tandis qu’il lève le couteau pour sacrifier ce fils tant désiré, l’ange de Dieu arrête sa main, et il lève les yeux, c’est-à-dire : il voit, il comprend, au-delà des apparences. Abraham se voit alors lui-même comme un bélier (ayil, un chef de file : le premier des Hébreux) arrêté (ahar, immobilisé, retenu), pris par ses cornes dans un fourré (sa force spirituelle, qèren, entravée dans sa marche fourvoyée). Alors, à la place de son fils, il sacrifie ce « bélier », renonçant ainsi à sa conduite passée, à son attitude possessive à l’égard d’Isaac.

On lit dans l’Écriture que Dieu ne demande ni offrande ni sacrifice (Ps 40, 7), que Dieu ne consomme pas la chair des taureaux ni ne boit le sang des béliers (Ps 50, 13), à plus forte raison la chair et le sang d’Isaac. C’est pour affiner notre écoute de sa parole que Dieu nous fait renoncer aux attitudes possessives, parce qu’elles rendent sourd à ce qu’il nous dit pour que nous devenions fort. C’est ainsi que s’est accrue la force spirituelle d’Abraham, quand il a sacrifié la possession de son fils. C’est ainsi que s’accroît la force spirituelle de Jacob au passage du Yabboq, quand il sacrifie, dans une ultime épreuve, les biens qu’il a acquis chez son oncle Laban, quand il se prépare à en faire cadeau à son frère Ésaü.

…du Passeur

En Jacob, un homme vient d’être engendré à la vie divine, un homme nouveau, un homme hébreu, un passeur, qui vient de franchir le passage vers l’au-delà. Son expérience fait de lui le témoin qui nous dit : Dieu seul est prince, isra-ël, Dieu seul est seigneur à qui s’abandonner, en renonçant à toute volonté propre pour se laisser guider par lui. Quelles que soient les difficultés, les apparences d’échec, les rebuffades. Mais quelle récompense ! Comment ne pas suivre Jacob ? Notre combat est un combat de l’esprit, une longue nuit qui veut notre persévérance dans la prière et le service, pour faire de nous un passeur. Après Abraham, Jacob ouvre encore la voie. Et en nous contant son histoire, la Bible ne manque pas de souligner ce qui nous oriente vers l’essentiel. Ces signes nous disent que chacun verra la face de Dieu, pourvu qu’il se laisse guider par lui jusqu’à son gué du Yabboq, jusqu’au passage où « il est atomisé » avec lui.

Premier signe, la forme passive du verbe abeq. Ce n’est pas moi qui me réduis à rien, mais moi qui suis réduit, pulvérisé, liquéfié par l’action divine. J’accueille le sort que Dieu m’accorde, je sers qui m’appelle au service, mais je n’entreprends rien de moi-même. Deuxième signe, le verbe passer, qui se concentre autour du mot Yabboq en une présence anormalement forte : double présence du radical 'eber dans le verset (23) qui introduit ce mot, le dernier du verset (il passe le passage du Yabboq) ; et double présence aussi dans le verset suivant (24) où Jacob fait passer d’abord ses familiers, puis fait passer tout ce qui lui appartient. De plus, ce tir groupé sur la cible Yabboq est annoncé par une triple ouverture (versets 32, 11, 17 et 22) et suivi par une triple fermeture (versets 32, 32 ; 33, 3 et 33, 14), les dix occurrences de cet ensemble étant réparties sur 24 versets, au centre des 50 qui composent l’épisode (32, 4 à 33, 20). Le tout premier de ces verbes se trouve dans la prière de Jacob au Dieu d’Abraham, quand il demande à être sauvé de la main de son frère qui marche vers lui avec quatre cents hommes, car il n’a que le bâton avec quoi il a passé le Jourdain ; le tout dernier quand Jacob, réconcilié avec Ésaü, le prie de passer devant et il suivra. C’est bien le verbe passer qui structure toute cette action, depuis la situation initiale, où revient l’angoisse suscitée par une marche « hostile » d’Ésaü vers Jacob, jusqu’au dénouement favorable, jusqu’à l’amitié retrouvée dans la marche commune des deux frères. Entre ces deux extrêmes, Jacob a d’abord invoqué le Dieu de ses pères, se reconnaissant impuissant avant d’entrer dans la nasse où la divinité le pousse ; il s’est ensuite dépouillé de ses biens, prêt à tout donner à son frère ; enfin, il reste seul et démuni pour le dernier combat, ultime veille d’où jaillira la lumière à l’issue du passage. Dans cette lutte de l’esprit contre la tentation de fuir en jetant l’éponge, ou d’agir par soi-même, l’homme souffre. Sa résistance à la grâce rend douloureuse l’étreinte de son Dieu agissant pour le faire passer à la vie d’en haut. C’est son combat pour ce passage qui lui procure le salut. À Dieu en revient la victoire.

Le testament d’Israël

Ce que Jacob vient de vivre, nous pouvons le retrouver dans le testament qu’il laisse à son fils Juda, au cœur d’une maxime en forme d’énigme qui exprime ce que l’on peut appeler l’attitude spirituelle du « Lion de Juda » :

Lionceau de lion, Juda ! la proie, mon fils, t’a exalté.
Il s’abaisse, il se couche comme un lion ; et comme un léopard, qui le fera lever ?

(Genèse 49, 9)

En bénissant ses douze fils, Jacob compare Juda au roi des animaux (cf. note 6). Mais la référence, loin d’être la domination d’un fauve exterminateur, est celle de l’autorité naturelle, reconnue de tous (cf. verset précédent [8] : tes frères te rendront hommage), et qui se manifeste dans une paix si forte et si confiante qu’elle ne craint rien ni personne qui puisse la troubler. Le roi, loin d’avoir à se dresser pour menacer (qui le fera lever ?), peut s’abaisser et se coucher dans la confiance, car sa royauté est assurée, le sceptre ne lui échappera pas (verset suivant [10]).

Cette maxime est celle d’un roi. Ou plus exactement, la maxime d’un prince, d’un seigneur, d’un fils de roi, car Juda est comparé au petit du lion, lionceau de lion, en hébreu gour arieh. Or, cette expression peut tout aussi bien s’entendre comme « demeure vers le lion », c’est-à-dire — conseil donné par un père à son fils : comporte-toi toujours comme le lionceau qui va devenir lion, agis dans la vie comme le prince qui va devenir roi, tout en demeurant ce fils qui dépend de son père. Pour cela, prends conscience que la proie, mon fils, t’a exalté. Tu as reçu du lion ton père la nourriture qui apaise ta faim et te remplit de contentement. Alors agis maintenant comme ce lionceau, qui entre en contemplation dans la plénitude et la sérénité : il s’abaisse, il se couche comme un lion.

En comparant ce conseil avec le sens du mot israel, « Dieu agit en prince », en seigneur, on comprend que Jacob invite son héritier à imiter Dieu comme un fils imite son père, tout en demeurant fils auprès de lui, sans chercher à se substituer à lui comme le fera, plus tard, Absalom avec son père David. Car Dieu est tout à la fois ce père de sagesse qui agit en éducateur, gouvernant les âmes qui se confient à lui, leur donnant nourriture et les conduisant à la paix, et il est ce roi qui agit en seigneur, ne recherchant jamais rien pour soi puisque tout lui appartient. Imite donc ce roi en son dénuement, il n’a pas d’autre ambition que de te rendre heureux. Il veille à tous tes besoins, il agit sans que tu aies à te lever pour revendiquer comme le léopard qui rugit. Écoutons David chanter sur la cithare cette exaltation de tout recevoir de Yhwh et d’entrer dans la paix ; c’est au Psaume 16 : “ Seigneur, c’est toi mon bonheur … Yhwh, ma part d’héritage et ma coupe … Ma chair repose dans la confiance … joie devant ta face, délices en ta droite ”. C’est cela qu’a vécu Jacob dans son aurore du Yabboq : la révélation de cette présence invisible de Dieu, promise avant l’épreuve — Je suis avec toi, Je te garderai —, garantie de bonne fin qui l’avait accompagné depuis vingt ans. Jacob entre alors dans le repos et la contemplation : il est revenu sain et sauf à la maison de son père. Désormais, selon son vœu, Yhwh sera son élohim, Dieu sera son roi, son prince, son père à qui il confie toute sa vie.

« Le Dieu de Juda »

Ce que Jacob a inscrit dans son testament vient sans aucun doute de son passage du Yabboq, mais pourquoi s’adresse-t-il à Juda ? Lorsqu’il revient à la maison de son père, Jacob ne pense certainement pas à Juda, mais à Joseph. Nous l’avons vu, Joseph est le fils préféré d’Israël. D’où son désespoir quand on lui annonce la disparition de ce fils bien-aimé. Il ne vivait plus, dira-t-il au roi d’Égypte qui le reçoit après les retrouvailles (47, 8-9), car aucun de ses fils ne lui paraissait apte désormais à recevoir la bénédiction. Quand ces derniers viennent lui annoncer que Joseph est vivant en Égypte, il ne les croit pas (45, 26). Il part, mais s’arrête pour consulter le Dieu de son père Isaac (Dieu avait demandé à Isaac de ne pas aller en Égypte, de rester en Canaan), et Dieu lui dit : “ Ne crains pas de descendre en Égypte, car je ferai de toi, là-bas, une grande nation. Je descendrai moi-même avec toi en Égypte, et c’est moi aussi qui t’en ferai remonter ” (46, 3-4). En cet instant, la promesse faite à l’homme Israël se confond avec la promesse faite à la communauté d’Israël. Alors les fils d’Israël ne sont plus seulement les douze fils de Jacob, mais la communauté de ceux qui accueilleront son héritage, le testament d’Israël. Dieu confirme à Jacob l’issue heureuse de sa promesse, mais lui rappelle aussi qu’elle ne s’accomplira pas sans l’épreuve de la descente en Égypte. Enfin et surtout, le Puissant de Jacob souligne que cet accomplissement est action divine guidant la main de son serviteur : Je descends moi-même avec toi.

Pour Jacob, retrouver Joseph a sans doute été un bouleversement aussi grand que de le perdre. On imagine tout ce qui a pu se dire après les retrouvailles, à relire les événements passés. Les discussions laborieuses entre Joseph, qui se cache encore derrière l’intendant de Pharaon, et ses frères ambassadeurs d’un père lointain, désespéré, démuni et qui s’accroche à son plus jeune fils Benjamin, tous ces atermoiements sont comme une nouvelle épreuve pour Jacob. La dernière pour Israël, mais en réalité l’épreuve décisive pour les fils d’Israël. Une épreuve dont Joseph est l’instrument que Dieu inspire, afin de révéler à Jacob qui, de ses douze fils, sera l’élu et recevra sa bénédiction. La manœuvre de Joseph, avant de se découvrir, vise à obtenir que Benjamin vienne et reste en Égypte, afin de le garder pour obliger Jacob à venir le rejoindre avec tous ses frères. Et lorsque ceux-ci reviennent avec l’enfant, il feint alors de le retenir comme esclave convaincu d’avoir volé, et de renvoyer tous les autres chez leur père resté seul. Tous alors savent que Jacob mourra d’avoir perdu Benjamin. Un seul refuse de tuer ainsi son père, et demande à rester comme esclave à la place de l’enfant. C’est Juda.

Retrouvant son fils qu’il croyait perdu, Jacob va apprendre ce qui s’est passé ; car Joseph, qui rapportait autrefois à son père les faits et gestes de ses frères, ne pouvait pas laisser Israël ignorer le geste de Juda. En offrant ainsi sa propre vie pour honorer l’engagement qu’il avait pris devant Jacob de lui ramener l’enfant, Juda se comporte en authentique hébreu, Juda rejoint Noé, homme juste, intègre, marchant avec la divinité. Juda agit comme cet homme intègre, artisan de justice, qui s’est engagé à son détriment mais ne se reprend pas (Ps 15, 2a & 4b) ; Juda agit en fils d’Abraham, qui reste intègre même au péril de sa vie, sans rien craindre, car il a entendu Dieu dire à Abraham : c’est moi ton protecteur (Gn 15, 1) ; Juda agit en prince à qui rien ne peut survenir de fâcheux puisqu’il vit dans la confiance en son roi. Par son geste, Juda s’est engagé à la suite de son père Israël, comme le lionceau qui demeure vers le Lion son père ; comme Jacob il a choisi de marcher avec Yhwh (si je retourne en paix à la maison de mon père, alors YHWH sera mon élohim), et Israël pourrait maintenant lui dire, tel Noé s’adressant à son fils Sem : « Béni soit YHWH, le Dieu de Juda ! ».

Joseph, Benjamin et Juda

Mais la partie n’est pas facile à jouer pour Jacob. Joseph n’est-il pas un exemple à suivre, lui aussi, le premier homme hébreu ? N’a-t-il pas déjà occupé lui-même cette place de l’esclave, sans protester, sans rugir ? N’a-t-il pas toujours marché avec Dieu, en toute amitié confiante ? Il est certain que Joseph se considère comme l’héritier légitime de la promesse : on vient le prévenir quand Israël est sur le point de mourir, et il vient recevoir la bénédiction paternelle, pour lui et pour ses fils, Manassé et Éphraïm. Mais alors, précisément, Israël contrarie Joseph, en ne respectant pas l’ordre d’aînesse qui fait droit à Manassé. S’il s’oppose ainsi sciemment au désir de son fils, n’est-ce pas pour lui signifier qu’il n’y a point de droit d’aînesse, que ce n’est pas comme voient les hommes, car les hommes voient selon les yeux, mais YHWH voit selon le cœur ? Cependant, il le rassure en même temps sur le sort de son aîné, Manassé, lui disant : Je sais… mais il deviendra un peuple lui aussi, et lui aussi sera grand. On reconnaît, en cette circonstance, ce que Dieu disait à Abraham, soucieux de son aîné Ismaël lorsque lui fut promise la naissance d’Isaac : Pour Ismaël je t’ai exaucé … car je lui donne d’être un grande nation. Pour Abraham comme pour Joseph, et jusqu’à Samuel allant oindre David, même les plus prophètes des hébreux ne parviendront pas à se libérer de la contrainte — qu’ils se sont eux-mêmes imposée — du droit d’aînesse.

Jacob peut-être, le seul, a compris que le droit de l’esprit passe le droit du sang. Son attitude ferme devant Joseph nous le montre. Mais il sait aussi, pour l’avoir vécu, que les choix de Dieu déplaisent aux hommes, car la recherche de soi les aveugle et les prive de voir l’action divine. C’est pourquoi, bien que Jacob soit maintenant certain du choix que Yhwh a fait de Juda, il ne faut pas que sa détermination apparaisse comme une condamnation de Joseph, qui n’a pas démérité. Toutefois, le mérite n’est pas un critère en cette affaire, puisqu’il n’appartient qu’à Dieu, et la fermeté de Jacob refusant ce que Joseph lui demande, nous éclaire sur ce qu’il a perçu dans l’attitude de son fils : le léopard qui se lève pour revendiquer, et non le lionceau qui s’abaisse et se couche comme un lion. Ce n’était pas suffisant pour retirer la bénédiction patriarcale à Joseph, apparu comme le héros sauveur d’Israël, et il fallait donc que Jacob la lui donne, officiellement ; mais sans laisser planer le moindre doute, pour qui sait lire ce qui est écrit, sur la réalité du choix que Yhwh lui a révélé : Juda.

C’est ainsi que le testament d’Israël accorde à Joseph une bénédiction des plus laudatives. Si la règle suivie est celle que donne le dernier verset — tous, leur père les bénit ; chacun selon sa bénédiction, il les bénit (Gn 49, 28) — on est tenté de prendre la forte présence du radical BaRaKh (bénir) comme guide de lecture, et l’on trouve très vite les six occurrences de ce radical dans les cinq versets consacrés à Joseph, descendance fructifiante (49, 22), tandis que ce même radical n’apparaît nulle part ailleurs, pour aucun des onze autres fils. La lecture facile est sans équivoque : c’est Joseph qui est béni, d’une manière spéciale, distingué de ses frères (49, 26). Mais si l’on examine attentivement le contenu de chacun selon sa bénédiction (et certaines sont plutôt des condamnations), on découvre que Juda est le seul auquel Israël s’adresse en disant “ mon fils ”, expression qui traduit toujours l’élection du fils choisi, considéré comme unique. Par le passé, Joseph a toujours bénéficié de cette élection, sauf quand Jacob refusa de laisser partir Benjamin en Égypte, Benjamin alors devenu « mon fils », parce que son frère est mort. Par la suite, il désignera encore Joseph de cette façon, une première fois en décidant de partir lui-même en Égypte où il sait le retrouver vivant, et la dernière fois, quand il s’adresse à lui pour lui refuser le droit d’aînesse de Manassé. Si cette succession jalonne bien les états d’âme de Jacob, le testament, ultime expression de celui qui va mourir, en arrête la décision de manière définitive. Décision corroborée par la présence significative de cet aveu, mon fils, au cœur de la maxime du lionceau de lion — quintessence de l’esprit d’Israël —, maxime encore couronnée de manière étonnante par les deux versets qui l’enserrent, et qui prophétisent le règne de Juda. En désignant ainsi la royauté de Juda, le testament d’Israël révèle la vocation de l’hébreu prophète prêtre et roi. Le roi, prince passeur qui conduit le peuple d’Israël jusqu’à son passage où il sera atomisé avec Dieu, le roi est celui qui prend la place de l’esclave.

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à suivre : Troisième partie - Les Juifs )    




Notes


Note 5
Puisque nous avons établi (en première partie, Les Hébreux) qu’il n’y a jamais eu de peuple hébreu — les fils d’Israël n’ayant pas tenu leurs promessses de « faire tout ce que Yhwh avait dit » —, il s’ensuit que les expressions telles que un Hébreu ou les Hébreux ne sont plus appropriées, et nous les remplacerons par un hébreu ou les hébreux. En effet, seuls les peuples appellent la majuscule. On dit un Français ou des Français, mais le peuple de France comprend des chrétiens, des juifs, des musulmans, des mystiques ou des agnostiques, n’ayant pas tous le même rapport avec Dieu. De même, en disant les fils d’Israël, ou simplement Israël, on désigne un peuple qui comprend des hébreux et des non hébreux (voir troisième partie, Les Juifs), les hébreux étant ceux à qui Yhwh parle, qui prophétisent, et qui vont au-delà de cette muraille invisible où se heurte le commun des mortels.
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Note 6
On trouvera une analyse de ce verset dans une étude déjà publiée, “ Comme le Lion ”, accessible sur internet à l’adresse www.hebrascriptur.com/Etudes/Fshiwiti.html
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